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Elle voyage en solitaire – 19-29 avril 2019

Le vol est matinal entre Le Cap et Johannesburg. Tant mieux, nous aurons le temps de visiter un peu la ville entre notre arrivée et « le grand rendez-vous de 18h« .

Ça, c’est en théorie. Oui, vous savez, la Théorie, le pays où tout va toujours bien !

En pratique, il y a parfois des grèves, même dans les meilleures familles. Non, je ne vais pas me plaindre car ce n’est que la deuxième fois, en d’innombrables vols, que j’ai à en subir quelques minimes conséquences.

Toujours est-il que nous n’aurons pas le temps de voir Johannessburg ou Soweto avant « le grand rendez-vous de 18h« .

C’est un beau roman, c’est une belle histoire

Je me souviens comme d’hier de ce jour où, voulant partir à Cuba “Avant que les Américains ne viennent y planter leur McDonalds et leurs Starbucks”, j’avais poussé la porte de Globetrotter à Fribourg.

Je ne savais pas trop ce que je voulais, sinon visiter La Havane, et plus si possible. J’avais une idée de budget et l’été 2016 devant moi.

Mon interlocutrice n’était pas encore Marlène, mais elle avait dû déjà comprendre un peu ce que je cherchais. Elle m’a proposé de rejoindre un groupe, après quelques jours en solo à La Havane. Un groupe ? M’exclamais-je in petto (car j’étais encore bien trop polie pour être malhonnête en public). Jamais je ne me mêlerai aux hordes qui montent et descendent des bus aux ordres d’un guide à parapluie.

Et là, l’ancêtre de Marlène a réussi un miracle : me convaincre qu’il existait des compagnies de voyage qui prônent les petits groupes, le respect des endroits visités, l’écologie, la durabilité… et que parmi elles, une pourrait me convenir.

Odile

Le match a pris. J’ai swipé à droite, Intrepid aussi. Et c’est la sixième fois que nous voyageons ensemble.

Le premier jour du voyage, il y a le « grand rendez-vous de 18h ». C’est le moment où le voyageurs font la connaissance de ceux avec qui ils vont passer les prochains jours.

Il y a en général beaucoup d’Australiens – pays d’origine d’Intrepid — des Anglais, ou Canadiens, ou Néo-Zeelandais, et par ci par là des natifs de pays non anglophones que la langue de John Oliver ne rebute pas. Des couples, des frères et sœurs, des parents et enfants (adultes), et régulièrement des voyageurs solo. Ces derniers ont le choix entre partager une chambre avec un autre voyageur isolé ou payer un supplément. C’est ce que je fais habituellement pour soigner ma misanthropie.

Je pense que si j’ai continué à voyager parfois avec cette compagnie, c’est que ma première expérience était bonne, le guide fantastique, les compagnons de voyages agréables, le trajet bien choisi et les promesses tenues pour ce qui concerne le contact avec les habitants, nous avons partagé leur table et dormi chez des particuliers à chaque étape, ce que permet la petite taille du groupe.

C’est donc avec Intrepid que je me réjouis de tenter l’Okavango Experience

Première surprise : le groupe est plus grand qu’à l’habitude. Nous serons 22 ! Cela s’explique par le fait que le véhicule qui va nous accompagner a 22 places et que ce serait du gâchis de ne pas voyager au complet. Avec nous un Tour Leader, un assistant, une chauffeure et un cuisinier. 

Pour le jour 2 qui nous amènera de Joburg à un parc de préservation des Rhinocéros, nous allons nous lever tôt. L’homme pâlit en apprenant l’heure du départ… qui est généralement celle à laquelle il se couche.

Cheval de rivière

Je rigole… et profite de ma dernière nuit dans un vrai lit.

4h45. Nous chargeons le bus. 5h. Départ. Les yeux sont petits, tout petits. Les paroles rares. Les paupières sont lourdes. Le sommeil nous gagne.

L’éléphant blanc, surnom de notre véhicule – un drôle de bus, 4X4 qui, non seulement nous transporte, mais est chargé des tentes, matelas, eau, casiers, divers compartiments à bagage – trace la route jusqu’à la frontière. Transition douce, sans problème. Un nouveau timbre sur mon passeport. Un 60ème pays à rajouter à ma liste. Bienvenue au Botswana. 

Vers la fin du jour, nous arrivons au Khama Rhino Sanctuary. Ce qui fut en d’autre temps une réserve de chasse est maintenant un havre de paix pour nombre d’animaux, seulement dérangés le soir venu par des voyageurs venus les admirer au point d’eau.

Ils sont beaux, ces animaux, oui, même les autruches, et même les buffles et phacochères. Une maman rhino nourrit son petit, des zèbres se disputent et soulèvent la poussière alentours.

La nuit tombe vite. Le temps d’arriver au camp et il fait noir. Les recommandations sont peu rassurantes : ne sortez pas pieds nus pour aller aux toilettes au milieu de la nuit, il y a des scorpions et des serpents. N’oubliez pas votre lampe frontale, … 

Rarement j’ai eu autant l’impression d’emprunter la planète aux animaux.

Le lendemain, nous serons debout aux aurores pour replier le camp et continuer notre chemin vers le nord, vers Maun, aux portes du Delta de l’Okavango.

Delta

De mes cours de géographie, j’avais appris que les deltas se jetaient dans la mer, ou un océan. On citait celui du Rhône, du Nil, de l’Amazone.

Plus tard, j’ai visité celui du Danube, du Mékong.

Et maintenant je suis dans le Delta de l’Okavango, celui qui ne se jette nulle part. Celui qui disparaît aussi mystérieusement qu’il apparaît, au cœur de l’Afrique. 

Pour trois jours et deux nuits, nous quittons la civilisation et nous enfonçons dans les méandres du Delta. Un “perchiste” pilote les légères embarcations, des mokoros, qui chacun transportent deux passagers et un peu de bagages.

Rajoutez à cela plusieurs mokoros pour transporter les tentes, les matelas, la nourriture, le matériel de cuisine etc… et vous verrez un une trentaine de ces fines pirogues se frayer un chemin entre les herbes et les roseaux.

Sur place, nous ne nous occupons presque plus de rien. Nos hôtes sont les pilotes des mokoros. Ils nous serviront de guides, nous aideront à planter les tentes, cuisineront pour nous, nous rendront attentifs à la faune locale et même chanteront et danseront autour du feu.

Les levers sont matinaux, voire très matinaux, car c’est à ce moment qu’on a le plus de chances de surprendre les animaux. Par ailleurs, même en cette saison – nous allons vers l’hiver au Botswana – la chaleur est difficile à supporter au plus clair de la journée. Le soir, au coucher du soleil, les animaux vont s’abreuver. Les giraffes, zèbres, buffles d’Afrique et phacochères font souvent équipe pour s’alerter face à la venue possible des prédateurs, l’ouïe des uns complétant la vue des autres.

Le Delta change de visage au fil des saisons et j’ai très envie de revenir le voir lorsque l’eau est à son plus haut.

Deux nuits hors du monde, à se faire réveiller au petit matin par le cris des hippopotames ennervés. Le ciel est d’une limpidité inouïe… à des kilomètres de toute pollution lumineuse. La Voie lactée s’observe à l’œil nu et réserve de nombreuses surprises à mes yeux, familiers de l’hémisphère nord. 

Retour à Maun et nous voilà partis pour 45 minutes de survol de l’Okavango. C’est une jeune botswanaise à tresses qui nous pilote dans son Cessna Brousse. Vu du ciel, le labyrinthe est encore plus impressionnant. Nous distinguons des troupeaux d’éléphants, de girafes, de buffles, mais surtout nous admirons la fabuleuse diversité du paysage qui s’étale sous nos yeux.

Vu d’en haut

Nous craquons pour un peu de confort et prenons une chambre. Ah…. L’air conditionné, la moustiquaire, la salle de bain… il en faut peu pour être heureux. Requinqués, nous poursuivons vers Nata. Après de nombreuses heures de routes, nous plantons la tente… j’avais presque oublié après ma nuit d’hôtel les délices des crochets et sardines… 

Petite virée sur un lac salé pour admirer les flamands roses et un nouveau coucher de soleil époustouflant au milieu de nulle part, une bière à la main, à songer que, comme disent les jeunes aujourd’hui, je vis ma meilleure vie.

Pour continuer sous le signe de l’eau, je vous présente la rivière Thebe que vous connaissez sans doute mieux sous le nom de Zambèze. Oui, elle change de nom en changeant de passeport.

Elle marque la frontière et abrite, elle aussi, une vie sauvage abondante. Nous pouvons nous approcher des hippos, étant dans des embarcations bien plus importantes que les frèles mokoros de l’Okavango. Et eux, habitués qu’ils sont aux touristes, ne semblent pas particulièrement s’émouvoir de notre présence. 

Encore des antilopes, des impalas, des buffles, des éléphants, une ou l’autre giraffe au loin… et l’espoir de croiser un lion demain matin à l’aube.

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Inutile de dire que la marmotte s’est résignée à se lever avant le soleil. Nous partons du camp pour rejoindre le parc national de Chobé et tenter de voir le roi de la jungle.

Un dicton dit que si les impalas sont là, c’est qu’il n’y a pas de lion aux alentours. Et bien les impalas étaient partout ce matin là. Sauf à un endroit que le guide nous montre, au loin (oui, près du tronc mort, à 100 mètres, un peu plus bas, dans les herbes, je crois qu’il y a un mâle).

Et bien oui, une membre du groupe à réussi à distinguer et à photographier deux oreilles de lion qui dépassaient des hautes herbes, exactement à l’endroit décrit par le guide. Puis-je dire que j’en ai vu un ? Je sais que je regardais dans la bonne direction. De là à pouvoir me vanter de l’avoir vu… 

Dernière nuit au Botswana. 

La route vers les chutes Victoria est relativement courte, mais il y a une frontière à passer. 

Pas de souci, on peut prendre le visa à la frontière, c’est rapide. (Oui, ça c’est de nouveau dans ce merveilleux pays qui s’appelle la Théorie. Pas au Zimbabwe).

Oui, rapide, mais pas s’il y a trois autres bus de voyageurs avant nous, qu’un seuil guichet est ouvert et que la procédure prend plusieurs minutes par touriste. 

Et tout ça sous un soleil de plomb, alors qu’il est 11h30.

Le temps d’arriver à Victoria Falls, le jour est déjà bien entamé et nous n’avons que le temps de planter la tente – une dernière fois – avant d’aller découvrir ce que Livingstone avait découvert avant nous. 

Mais avant, dur retour à la réalité, après des jours dans un Botswana calme et quasiment désert, l’arrivée dans ce coin très touristique est un choc. À peine sorti du bus, des vendeurs de divers objets artisanaux nous assaillent. 

J’ai l’impression d’être de retour à Marrakech. 

Les chutes ferment à 18heures (ferme-t-on le robinet ?) et il est plus de 16heures lorsque nous nous présentons à l’entrée. Bon plan, il ne fait pas trop chaud et le gros de la foule n’est plus là.

Et bien mes aïeux…. C’est de la belle ouvrage qu’a créée la tectonique ou je ne sais quel autre phénomène naturel. Sur des centaines de mètres de large et de haut…

Un conseil ? Le site se parcourt facilement en deux heures et ce n’est pas une mauvaise idée de s’y rendre, comme nous, en fin de journée pour éviter la chaleur et la foule. Vous pouvez, mais ce n’est pas absolument nécessaire, prendre un habit imperméable.

De multiples activités sont proposées (bungee jumping, swing, …. ) à des prix touristiques… et également un survol des chutes en hélicoptère.

Hélas.

Non seulement nous renonçons à la tranquillité offerte par le Botswana, mais également à son silence seulement troublé par les bruits de la vie des animaux. Depuis 7 heures du matin, le bal des hélices est ininterrompu.

L’aspect hyper touristique de Victoria Falls me déplaît souverainement, mais ça me met en condition pour rentrer. 

I presume…

Je n’imaginais pas aimer à ce point ce coin de terre. Quel bonheur de grignoter l’Afrique par le Sud et trouver au Botswana de telles doses de beauté.

Je reviendrai (et entre temps… je lirai, je regarderai des films et documentaires, et me souviendrai de toutes ces belles choses grâce aux photos… et aux souvenirs).

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F comme Fichez le camp d’ici !

4 août – Hof -> Geysir

 

F comme Fichez le camp d’ici et Foisissez une autre route !!

En Islande, certaines routes sont catégorisées F. Il s’agit de routes « de montagne » qu’on ne peut emprunter qu’en 4X4. Et ce n’est pas une plaisanterie. J’ai donc conduit le monstre sur ma première F et j’ai encore les mâchoires qui se crispent à ce souvenir.

Route F tranquille

 

Et je bénis Marlène Fernandez, grande connaisseuse de l’Islande, de l’agence Globetrotter à Fribourg (non, ceci n’est pas un billet sponsorisé) d’avoir suggéré avec insistance la location d’un *grand* 4×4.

Car outre le dénivelé, le revêtement de la route, les virages surprenants, il y a des gués à passer.

 

Oh ! Un glacier !

La prof de musique, 1m58 dans les bons jours, habituée à conduire sa Fiatounette sur le bitume ripoliné au volant du monstre au milieu d’un gué….

Comme je suis tranquille à l’hôtel pour vous raconter ça, vous connaissez déjà l’issue du duel. Mais je n’en menais pas large.

J’ai déjà repéré que ma prochaine étape comporte à nouveau des routes F. Oh que je suis impatiente !

 

Ce qui m’écarquille les yeux, c’est la grande variété des paysages. En regardant droit devant, une route rectiligne qui semble se perdre à l’horizon, on pourrait se croire dans l’immensité de l’Ouest américain. Mais on tourne la tête à droite et c’est la mer. Et on tourne la tête à gauche et c’est un champ de lave dégringolé d’un volcan.

 

La mer parsemée

Arrivée à la fin du jour (qui n’a pas de fin en cette saison, je sais, je l’ai déjà dit hier) à l’hôtel Geysir… oui, comme geyser. Un champ de jets d’eau de Genève qui fument et éruptent à intervalles irréguliers et retombent en embuant nos lunettes et objectifs de vapeur soufrée.

Le nom geyser vient d’ailleurs de Geysir, le plus impressionnant de ce champ géothermique. Les « flaques » d’eau bouillantes sont simplement entourées de cordes pour en déconseiller l’approche. L’entrée est libre. Les conseils de prudence et les appels au bon sens sont mentionnés en plusieurs langues et se terminent par l’information que le plus proche hôpital est à 62 kilomètres.

Strokkur

Oh oui, et sinon, en chemin, il y avait un glacier !

On ne s’habitue jamais tout à fait

Le trac, ça viendra avec le talent, disait je ne sais plus quelle grande actrice à une starlette qui se vantait de ne pas en avoir… de trac donc.

Je me rappelle cette citation à chaque fois qu’il m’arrive encore de monter sur scène, ne serait-ce que pour accompagner une élève qui se produit pour ses parents et ses camarades lors de la remise des diplômes. Non, je ne me targue pas d’avoir un grand talent de musicienne, tout juste assez pour en faire un métier, mais ça me rassure de penser que le trac est normal, et qu’il est aussi normal d’en avoir encore, après tant d’années.

De la même manière, embarquer dans un train dès potron-minet pour Zürich ou Genève aéroport (si je veux que mon vol soit aux bons soins d’Etienne (https://twitter.com/flightlevel150) ), passer la sécurité, le contrôle des passeports, n’est pas banal. Lorsque j’arrive dans cet immense hall et que je cherche les informations sur les grands panneaux bleus, je vis encore un moment extraordinaire et mon cœur bat un peu plus vite. Est-ce qu’un jour je serai totalement blasée et j’entrerai dans un aéroport comme on entre dans une gare ? J’espère que non. Je préfère ce frisson.

 

Un contretemps m’empêche de prendre le vol direct Zurich Sofia et je me retrouve sur Air Serbia avec une escale à Belgrade. Pas de quoi trop se réjouir vu que je ne pourrai pas sortir de l’aéroport. Le premier vol m’apprend que la compagnie nationale serbe est entrée de plein pied dans le XXI siècle. Il y a du Wifi, on peut regarder les films proposés directement sur notre téléphone ou notre tablette.

L’aéroport Nikola Tesla m’aura appris que Novak Djokovic est sans doute bien plus important que Federer chez nous. Il a « sa » boutique avec gadgets et articles sportifs à son nom, son visage placardé en grand format, tel une star de cinéma.

Tout se gâte après Belgrade où un ATR-72 ferait passer Air Koryo pour une compagnie à la pointe de la mode. J’ai eu mal aux oreilles tant le bruit des moteurs était atroce. Ma voisine a sans doute dû se réveiller le lendemain avec des courbatures puisqu’elle a passé l’heure de vol tétanisée, ses mains agrippéea aux accoudoirs, la tête rentrée dans les épaules. Je lui dois cependant une fière chandelle, car la voir si crispée m’a permis de me détendre.

 

On ne peut pas tout avoir. La joie de la découverte d’ un aéroport inconnu, avec son lot d’hésitations et la possibilité de se faire arnaquer par un chauffeur de taxi peu scrupuleux, et des amis sur place.

On m’attendait donc et j’ai pu découvrir l’essentiel de Sofia en bonne compagnie.

Les mauvaises langues diront peut-être que je me répète mais je suis très sensible aux espaces verts, et même si parfois les racines des arbres rendent la marche difficile, tant ils prennent leur liberté et déforment les trottoirs, je ne peux qu’apprécier leur prolifération, entre béton et bitume. Jolie formule, n’est-ce pas que ce « entre béton et bitume ». C’est de Maxime Le Forestier qui s’y connaît en arbres.

Comme un arbre dans la ville

Un trajet en tram m’a fait même traverser une petite forêt. Toute ma sympathie va aux urbanistes qui décident de laisser une belle place à la verdure, qu’elle soit totalement domestiquée comme dans les grands parcs, ou plus sauvage à l’image de ce bois urbain.

La langue bulgare s’écrit en caractères cyrilliques et je m’amuse à tenter de déchiffrer les devantures, heureuse lorsque j’identifie une « banque de leasing » ou un « garage ». Elle sonne douce à mon oreille, même si, avec mes amis bulgares, nous échangeons en français et en anglais.

Trois jours donc, à découvrir Sofia, et à en déguster la cuisine. Merci le tarator, merci les poivrons, merci le fromage, merci le mish-mash revisité, merci l’ayran, je pourrais m’habituer à vous.

Tarator

Si plus haut j’ai félicité les urbanistes, je pourrais maintenant les gronder. A-t-on idée de laisser se développer la ville ainsi sans idée directrice ? Sofia est schizophrène, hésitant entre des architectures diverses, se permettant d’une main d’enfouir des ruines millénaires sous la construction d’un hôtel de luxe alors que de l’autre, elle réhabilite une antique nécropole sous la basilique Sainte Sophie.

Mish Mash

Et sinon, j’ai mis du temps à réaliser pourquoi j’avais « Goodbye Yellow Brick Road » en tête pendant toute une après-midi. Vous a-t-on déjà parlé des pavés dorés de Sofia ?

Good Bye Yellow Brick Road

J’ai tellement battu le pavé, j’ai tellement amassé d’informations pendant ces trois jours que je n’arrive pas à structurer ce que j’ai appris.

J’ai surtout eu la chance de retrouver de vieux amis presque perdus de vue, de pouvoir bénéficier de leurs connaissance, de leur disponibilité et de leur générosité.

Demain matin, départ pour la Macédoine

 

 

 

 

 

Il faut que je vous parle de Cuba

Cuba – La Havane

Il faut que je vous parle de Cuba.

Cuba, c’est pour moi une très très vieille histoire.

Je devais avoir treize ou quatorze ans lorsque, dans le cadre d’un cours de géographie ou d’histoire, on m’avait attribué Cuba comme sujet d’exposé.

Cuba – La Havane

Comme on le faisait à l’époque, j’ai commencé par écumer les étagères familiales, les encyclopédies et dictionnaires que j’avais sous la main avant de me rabattre sur la bibliothèque cantonale. C’était l’époque où les ordinateurs occupaient des étages entiers et coûtaient plus qu’un bras de la Statue de la Liberté.

En me plongeant dans l’histoire de l’ile, c’est sans doute la première fois que j’entendais parler de la gauche ou du communisme non comme l’abomination suprême, mais comme un remède à quelque chose qui était pire : le régime de Battista. C’est également la première fois que j’ai lu des chiffres sur la répartition des richesses. Un vague début de conscience politique qui naissait. Si, ce jour là, on m’avait attribué l’Australie ou le Liechtenstein, peut-être ma vie aurait-elle été différente.

 

Cuba – La Havane

Toujours est-il que pendant des décennies, j’ai caressé l’idée d’aller voir le pays de Castro. En 2015 lorsque les Etats-Unis ont réouvert une ambassade à la Havane, je me suis dit que c’était la der des der pour voir un pays sans Starbucks ou McDo. Je compte mes petits sous, je regarde le calendrier, je franchis la porte de celle qui est devenue depuis mon agence de voyage, je lance « Espagnol » sur Duolingo et je réserve un voyage pour l’été 2016.

Cuba – La Havane

Ah…. l’arrivée à Cuba, quelques indices déjà que j’étais dans un monde différent. Lors des contrôles de sécurité – les officielles, dans mon souvenir il n’y avait que des femmes – font passer les personnes âgées et les familles avec enfants en bas âge devant. Pas de lignes particulières, simplement elles sont repérées dans la foule et invitées à couper la file. Pour les enfants en bas âge, c’est loupé, mais si je voyage encore dans 25 ans, j’aimerais que cette coutume locale soit devenue universelle.

Cuba – La Havane

Les formalités sont assez rapides et je prends un taxi pour la ville. Non, ce n’était pas une de ces anciennes américaines plus ou moins rutilantes ou rafistolées, ni une relique est-allemande, simplement une berline d’une marque chinoise que je n’avais jamais vue auparavant, un véhicule agréable, avec ceci de surprenant qu’il n’y avait pas de ceinture de sécurité. Quelle drôle de sensation après avoir pris l’habitude d’être constamment attachée en voiture !

Cuba – La Havane

Je passe deux ou trois jours à parcourir la vielle ville à pied, à me tordre les chevilles sur les pavés inégaux à force de ne pas regarder le sol. En effet, le spectacle est aussi en hauteur dans ces rues étroites. En quelques dizaines de mètres, on peut passer d’une place restaurée à merveille à une ruelle où tout semble en ruine. La ville se répare, se bricole, se rafistole petit bout par petit bout, mais même les ruines ont un charme fou. Oui, je parle bien là d’architecture, mais je pourrais également parler des habitants. Que ce soit à la Casa Particular (chambre d’hôte) ou dans la rue, les contacts avec les cubains sont chaleureux et bienveillants. Jamais pendant tout mon séjour je ne me suis sentie en danger de quelque manière que ce soit, de jour comme de nuit, dans les villes visitées. Bien sûr, il arrive qu’on vous aborde, principalement pour vous proposer les services d’un taxi, mais un « no gracias » suffit pour retrouver la solitude.

Cuba – La Havane

Cuba – La Havane

Après La Havane, j’ai rejoint un groupe qui visitait plusieurs autres villes de l’ile : Viñales, Trinidad, Cienfuegos et Santa Clara avant de retourner à La Havane. Ce groupe comportait des Australiens, Neo-zeelandais, Anglaises, Canadienne, j’y ai même trouvé une compatriote germanophone. Il semble qu’il y a également à Cuba du tourisme purement balnéaire, mais, à l’exception d’une après-midi à la plage, je ne m’y suis pas intéressée.

Le tourisme est actuellement en pleine extension, et ceci, sans les Etats-uniens qui pourtant sont les très proches voisins (souvenez-vous de la crise des missiles). Il semble que le monde entier partage mon soucis de voir La Havane avant qu’elle ne croule sous des hordes de personnes en short à fleur et Canon en bandoulière.

Cuba – La Havane

Les Casas particular, les services aux touristes, font qu’une économie parallèle se forme à côté de l’économie officielle. J’ai rencontré un avocat qui arrondissait ses fins de mois comme guide de la Havane. Une violoniste passait son été à faire le ménage dans les « Casas » de la ville. J’ai entendu parler de médecins qui préféraient conduire des Coco Taxis, etc.

Cuba – La Havane

Alors qu’on sait que l’éducation et la médecine à Cuba sont parmi les meilleures au monde, on ne peut que regretter ce gâchis.

Cuba – La Havane

En parlant d’argent, je suis allée changer mes Euros à la Cadeca (Casa De Cambio, voyez comme je frime avec mes connaissances locales et mon espagnol de cuisine) et ai à nouveau vu ce souci des plus âgés.  Comme la Cadeca est petite, les clients font la file à l’extérieur, sous le soleil qui frappe de toutes ses forces, un employé ne laisse entrer qu’une personne à la fois dans ce havre de paix et de fraicheur climatisée. Mais si vous êtes une personne âgée, vous vous présentez directement à l’employé qui vous laissera entrer aussitôt qu’un guichet se libère.

Cuba – La Havane

Il en va de même à l’ETECSA (Etreprise de Télécommunication de Cuba), l’endroit où, contre les pesos cubains que vous venez de vous procurer, on vous vendra une carte de communication qui vous permettra de vous connecter à internet dans certains endroits de la ville.

(à suivre)

Cuba – La Havane