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Vingt-quatre heures avec Nikita

Il y a dans les trains russes plusieurs classes de voyageurs. Celle qui nous est réservée comprend des couchettes pour quatre personnes. Nous serons 5. Je partage la mienne avec Sarah, une australo-américaine qui fait partie du groupe Intrepid, ainsi que Galina, une Russe d’un âge certain, ainsi que Vania, 4 ans, et sa maman.

Tous les voyageurs de mon groupe sont dans le même wagon mais nous sommes répartis dans des compartiments différents. 24 heures, c’est long. De quoi finir un roman, dormir, commencer un autre roman, se préparer un thé grâce au samovar du wagon, et surtout faire la connaissance de Nikita. D’abord de ses beaux yeux qui guignent par le fenêtre de son compartiment, à chaque fois que je passe dans le couloir.

Il a neuf ans, un t-shirt rouge marqué Russia et flanqué du drapeau de son pays, et surtout une grande curiosité et une drôle d’envie de rentrer en contact avec cette bizarre équipe anglophone.

Il tente un « hello », un « thank you » lorsque je le laisse passer. Il veut connaître toute l’étendue de mon vocabulaire russe et le compléter de mots nouveaux. Je vais chercher mon iPad et lui montre l’application qui me sert à enrichir mes connaissances. Nous jouons pendant quelques heures sous les yeux amusés de Galina. Les grands éclats de rires lorsque nous nous définissons, lui comme le maître et moi comme l’élève. Et je dois dire que j’étais très émue à Barnaoul lorsque qu’il m’a ouvert ses bras avec un grand до свиданияю

Au fond de mon sac un couteau suisse dont j’aurais pu me passer. Je voulais le lui offrir. Mais bien sûr, les choses ne sont jamais où elles doivent être et je n’ai pas pu lui laisser ce petit souvenir d’une rencontre improbable dans un train entre Karaganda et Barnaoul.

Elle voyage en solitaire – 19-29 avril 2019

Le vol est matinal entre Le Cap et Johannesburg. Tant mieux, nous aurons le temps de visiter un peu la ville entre notre arrivée et « le grand rendez-vous de 18h« .

Ça, c’est en théorie. Oui, vous savez, la Théorie, le pays où tout va toujours bien !

En pratique, il y a parfois des grèves, même dans les meilleures familles. Non, je ne vais pas me plaindre car ce n’est que la deuxième fois, en d’innombrables vols, que j’ai à en subir quelques minimes conséquences.

Toujours est-il que nous n’aurons pas le temps de voir Johannessburg ou Soweto avant « le grand rendez-vous de 18h« .

C’est un beau roman, c’est une belle histoire

Je me souviens comme d’hier de ce jour où, voulant partir à Cuba “Avant que les Américains ne viennent y planter leur McDonalds et leurs Starbucks”, j’avais poussé la porte de Globetrotter à Fribourg.

Je ne savais pas trop ce que je voulais, sinon visiter La Havane, et plus si possible. J’avais une idée de budget et l’été 2016 devant moi.

Mon interlocutrice n’était pas encore Marlène, mais elle avait dû déjà comprendre un peu ce que je cherchais. Elle m’a proposé de rejoindre un groupe, après quelques jours en solo à La Havane. Un groupe ? M’exclamais-je in petto (car j’étais encore bien trop polie pour être malhonnête en public). Jamais je ne me mêlerai aux hordes qui montent et descendent des bus aux ordres d’un guide à parapluie.

Et là, l’ancêtre de Marlène a réussi un miracle : me convaincre qu’il existait des compagnies de voyage qui prônent les petits groupes, le respect des endroits visités, l’écologie, la durabilité… et que parmi elles, une pourrait me convenir.

Odile

Le match a pris. J’ai swipé à droite, Intrepid aussi. Et c’est la sixième fois que nous voyageons ensemble.

Le premier jour du voyage, il y a le « grand rendez-vous de 18h ». C’est le moment où le voyageurs font la connaissance de ceux avec qui ils vont passer les prochains jours.

Il y a en général beaucoup d’Australiens – pays d’origine d’Intrepid — des Anglais, ou Canadiens, ou Néo-Zeelandais, et par ci par là des natifs de pays non anglophones que la langue de John Oliver ne rebute pas. Des couples, des frères et sœurs, des parents et enfants (adultes), et régulièrement des voyageurs solo. Ces derniers ont le choix entre partager une chambre avec un autre voyageur isolé ou payer un supplément. C’est ce que je fais habituellement pour soigner ma misanthropie.

Je pense que si j’ai continué à voyager parfois avec cette compagnie, c’est que ma première expérience était bonne, le guide fantastique, les compagnons de voyages agréables, le trajet bien choisi et les promesses tenues pour ce qui concerne le contact avec les habitants, nous avons partagé leur table et dormi chez des particuliers à chaque étape, ce que permet la petite taille du groupe.

C’est donc avec Intrepid que je me réjouis de tenter l’Okavango Experience

Première surprise : le groupe est plus grand qu’à l’habitude. Nous serons 22 ! Cela s’explique par le fait que le véhicule qui va nous accompagner a 22 places et que ce serait du gâchis de ne pas voyager au complet. Avec nous un Tour Leader, un assistant, une chauffeure et un cuisinier. 

Pour le jour 2 qui nous amènera de Joburg à un parc de préservation des Rhinocéros, nous allons nous lever tôt. L’homme pâlit en apprenant l’heure du départ… qui est généralement celle à laquelle il se couche.

Cheval de rivière

Je rigole… et profite de ma dernière nuit dans un vrai lit.

4h45. Nous chargeons le bus. 5h. Départ. Les yeux sont petits, tout petits. Les paroles rares. Les paupières sont lourdes. Le sommeil nous gagne.

L’éléphant blanc, surnom de notre véhicule – un drôle de bus, 4X4 qui, non seulement nous transporte, mais est chargé des tentes, matelas, eau, casiers, divers compartiments à bagage – trace la route jusqu’à la frontière. Transition douce, sans problème. Un nouveau timbre sur mon passeport. Un 60ème pays à rajouter à ma liste. Bienvenue au Botswana. 

Vers la fin du jour, nous arrivons au Khama Rhino Sanctuary. Ce qui fut en d’autre temps une réserve de chasse est maintenant un havre de paix pour nombre d’animaux, seulement dérangés le soir venu par des voyageurs venus les admirer au point d’eau.

Ils sont beaux, ces animaux, oui, même les autruches, et même les buffles et phacochères. Une maman rhino nourrit son petit, des zèbres se disputent et soulèvent la poussière alentours.

La nuit tombe vite. Le temps d’arriver au camp et il fait noir. Les recommandations sont peu rassurantes : ne sortez pas pieds nus pour aller aux toilettes au milieu de la nuit, il y a des scorpions et des serpents. N’oubliez pas votre lampe frontale, … 

Rarement j’ai eu autant l’impression d’emprunter la planète aux animaux.

Le lendemain, nous serons debout aux aurores pour replier le camp et continuer notre chemin vers le nord, vers Maun, aux portes du Delta de l’Okavango.

Delta

De mes cours de géographie, j’avais appris que les deltas se jetaient dans la mer, ou un océan. On citait celui du Rhône, du Nil, de l’Amazone.

Plus tard, j’ai visité celui du Danube, du Mékong.

Et maintenant je suis dans le Delta de l’Okavango, celui qui ne se jette nulle part. Celui qui disparaît aussi mystérieusement qu’il apparaît, au cœur de l’Afrique. 

Pour trois jours et deux nuits, nous quittons la civilisation et nous enfonçons dans les méandres du Delta. Un “perchiste” pilote les légères embarcations, des mokoros, qui chacun transportent deux passagers et un peu de bagages.

Rajoutez à cela plusieurs mokoros pour transporter les tentes, les matelas, la nourriture, le matériel de cuisine etc… et vous verrez un une trentaine de ces fines pirogues se frayer un chemin entre les herbes et les roseaux.

Sur place, nous ne nous occupons presque plus de rien. Nos hôtes sont les pilotes des mokoros. Ils nous serviront de guides, nous aideront à planter les tentes, cuisineront pour nous, nous rendront attentifs à la faune locale et même chanteront et danseront autour du feu.

Les levers sont matinaux, voire très matinaux, car c’est à ce moment qu’on a le plus de chances de surprendre les animaux. Par ailleurs, même en cette saison – nous allons vers l’hiver au Botswana – la chaleur est difficile à supporter au plus clair de la journée. Le soir, au coucher du soleil, les animaux vont s’abreuver. Les giraffes, zèbres, buffles d’Afrique et phacochères font souvent équipe pour s’alerter face à la venue possible des prédateurs, l’ouïe des uns complétant la vue des autres.

Le Delta change de visage au fil des saisons et j’ai très envie de revenir le voir lorsque l’eau est à son plus haut.

Deux nuits hors du monde, à se faire réveiller au petit matin par le cris des hippopotames ennervés. Le ciel est d’une limpidité inouïe… à des kilomètres de toute pollution lumineuse. La Voie lactée s’observe à l’œil nu et réserve de nombreuses surprises à mes yeux, familiers de l’hémisphère nord. 

Retour à Maun et nous voilà partis pour 45 minutes de survol de l’Okavango. C’est une jeune botswanaise à tresses qui nous pilote dans son Cessna Brousse. Vu du ciel, le labyrinthe est encore plus impressionnant. Nous distinguons des troupeaux d’éléphants, de girafes, de buffles, mais surtout nous admirons la fabuleuse diversité du paysage qui s’étale sous nos yeux.

Vu d’en haut

Nous craquons pour un peu de confort et prenons une chambre. Ah…. L’air conditionné, la moustiquaire, la salle de bain… il en faut peu pour être heureux. Requinqués, nous poursuivons vers Nata. Après de nombreuses heures de routes, nous plantons la tente… j’avais presque oublié après ma nuit d’hôtel les délices des crochets et sardines… 

Petite virée sur un lac salé pour admirer les flamands roses et un nouveau coucher de soleil époustouflant au milieu de nulle part, une bière à la main, à songer que, comme disent les jeunes aujourd’hui, je vis ma meilleure vie.

Pour continuer sous le signe de l’eau, je vous présente la rivière Thebe que vous connaissez sans doute mieux sous le nom de Zambèze. Oui, elle change de nom en changeant de passeport.

Elle marque la frontière et abrite, elle aussi, une vie sauvage abondante. Nous pouvons nous approcher des hippos, étant dans des embarcations bien plus importantes que les frèles mokoros de l’Okavango. Et eux, habitués qu’ils sont aux touristes, ne semblent pas particulièrement s’émouvoir de notre présence. 

Encore des antilopes, des impalas, des buffles, des éléphants, une ou l’autre giraffe au loin… et l’espoir de croiser un lion demain matin à l’aube.

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Inutile de dire que la marmotte s’est résignée à se lever avant le soleil. Nous partons du camp pour rejoindre le parc national de Chobé et tenter de voir le roi de la jungle.

Un dicton dit que si les impalas sont là, c’est qu’il n’y a pas de lion aux alentours. Et bien les impalas étaient partout ce matin là. Sauf à un endroit que le guide nous montre, au loin (oui, près du tronc mort, à 100 mètres, un peu plus bas, dans les herbes, je crois qu’il y a un mâle).

Et bien oui, une membre du groupe à réussi à distinguer et à photographier deux oreilles de lion qui dépassaient des hautes herbes, exactement à l’endroit décrit par le guide. Puis-je dire que j’en ai vu un ? Je sais que je regardais dans la bonne direction. De là à pouvoir me vanter de l’avoir vu… 

Dernière nuit au Botswana. 

La route vers les chutes Victoria est relativement courte, mais il y a une frontière à passer. 

Pas de souci, on peut prendre le visa à la frontière, c’est rapide. (Oui, ça c’est de nouveau dans ce merveilleux pays qui s’appelle la Théorie. Pas au Zimbabwe).

Oui, rapide, mais pas s’il y a trois autres bus de voyageurs avant nous, qu’un seuil guichet est ouvert et que la procédure prend plusieurs minutes par touriste. 

Et tout ça sous un soleil de plomb, alors qu’il est 11h30.

Le temps d’arriver à Victoria Falls, le jour est déjà bien entamé et nous n’avons que le temps de planter la tente – une dernière fois – avant d’aller découvrir ce que Livingstone avait découvert avant nous. 

Mais avant, dur retour à la réalité, après des jours dans un Botswana calme et quasiment désert, l’arrivée dans ce coin très touristique est un choc. À peine sorti du bus, des vendeurs de divers objets artisanaux nous assaillent. 

J’ai l’impression d’être de retour à Marrakech. 

Les chutes ferment à 18heures (ferme-t-on le robinet ?) et il est plus de 16heures lorsque nous nous présentons à l’entrée. Bon plan, il ne fait pas trop chaud et le gros de la foule n’est plus là.

Et bien mes aïeux…. C’est de la belle ouvrage qu’a créée la tectonique ou je ne sais quel autre phénomène naturel. Sur des centaines de mètres de large et de haut…

Un conseil ? Le site se parcourt facilement en deux heures et ce n’est pas une mauvaise idée de s’y rendre, comme nous, en fin de journée pour éviter la chaleur et la foule. Vous pouvez, mais ce n’est pas absolument nécessaire, prendre un habit imperméable.

De multiples activités sont proposées (bungee jumping, swing, …. ) à des prix touristiques… et également un survol des chutes en hélicoptère.

Hélas.

Non seulement nous renonçons à la tranquillité offerte par le Botswana, mais également à son silence seulement troublé par les bruits de la vie des animaux. Depuis 7 heures du matin, le bal des hélices est ininterrompu.

L’aspect hyper touristique de Victoria Falls me déplaît souverainement, mais ça me met en condition pour rentrer. 

I presume…

Je n’imaginais pas aimer à ce point ce coin de terre. Quel bonheur de grignoter l’Afrique par le Sud et trouver au Botswana de telles doses de beauté.

Je reviendrai (et entre temps… je lirai, je regarderai des films et documentaires, et me souviendrai de toutes ces belles choses grâce aux photos… et aux souvenirs).

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Samedi 14 avril – Dimanche 15 avril – Phnom Penh – retour

Vol rapide de Siem Reap à Phnom Penh. Je n’aurai pas l’occasion, pendant ce court voyage, de voir autre chose du Cambodge que ces deux centres névralgiques.

Ce vol qui dure moins d’une heure me prive des longs trajets en bus ou trains qui permettent de mieux « sentir » un pays et se mélanger aux habitants. Mais le temps m’est compté, les vacances touchent à leur fin et Sinorama n’est pas Intrepid. C’est une autre manière de voyager.

Sur place, un guide nous prend en charge et nous suivons le programme :

Départ en avion pour Phnom Penh. Dans cette ville, nous visiterons la Pagode du Wat Phnom, le Musée National, le Palais Royal et la Pagode d’Argent. Après avoir visité le marché central, nous irons en bateau admirer le coucher du Soleil au confluent du Tonlé Sap et du Mékong. Nuit à l’hôtel à Phnom Penh.

C’est jour de fête nationale et la foule se presse. Deux voyageurs sont à la limite de l’évanouissement (il me semble avoir vaguement mentionné la chaleur lors de mes derniers articles).

Couleurs, musique, odeurs de cuisine, d’encens, de fruits inconnus. Nous traversons ce jour écrasés par le soleil et un peu sonnés d’en avoir tant vu en si peu de temps.

Non, je n’ai pas vu le Cambodge, tout au plus un extrait, un « trailer ».

Au moment du retour, je dois bien avouer que cette manière de voyager me laisse un drôle de goût en bouche. Ce n’est pas si différent de mon voyage en Corée du Nord, dans ce sens que nous sommes « parqués » dans des hôtels où les locaux ne vont pas, nous mangeons dans des restaurants que seuls les touristes fréquentent, que les activités programmées occupent tout notre temps…

Oui, j’exagère un peu.

Un peu

Sinorama, tes grands bus climatisés, tes arrêts obligatoires dans les boutiques d’état, tes cinq étoiles, j’y reviendrai peut-être lorsque je ne pourrai plus physiquement voyager autrement, mais là, je vais retourner à mes virées en solitaire ou en petits groupes.

Et vous, Cambodge et Vietnam, merci mille fois pour vos sourires, vos paysages, votre histoire. Je souhaite que le temps me soit donné de revenir.

Jour 5 – Jeudi 26 octobre – Baïkonour et Bowie.

Intrepid Travel programme ce tour en fonction des dates de lancement de fusées au Cosmodrome de Baïkonour, mais prévient que les annulations et reports sont monnaie courante.

Bunker inside

Il y a un mois, j’ai reçu la nouvelle que le lancement prévu le 26 octobre était repoussé à décembre. J’avais donc revu mes attentes à la baisse.

MacBook d’occasion

Baïkonour et son Cosmodrome sont deux entités distinctes géographiquement, distantes de quelques kilomètres. Les deux sont des territoires spéciaux, loués par la Russie au Kazakhstan jusqu’en 2050. On n’y pénètre qu’avec un permis, en montrant patte blanche, lors d’un tour organisé.

Vieux iMacs

L’activité économique de la ville tourne autour du Cosmodrome. Ceux qui n’y travaillent pas fournissent des services à ceux qui y travaillent. Une ligne de chemin de fer est exclusivement réservée aux trajets entre les deux et transporte quotidiennement des milliers de scientifiques, ingénieurs ou petites mains. Le nombre exact est considéré comme confidentiel.

Avant de quitter l’hôtel, nous signons un papier qui nous fait accepter un certain nombre de règles, dont la principale consiste à ne pas filmer ou photographier les endroits où ceci ne nous serait pas expressément permis. Galina, responsable de la notre sécurité ne nous quittera pas de la journée. Elle nous remet des badges à nos noms.

OK ! Go !

Le premier arrêt est pour le pas de lancement 1, celui utilisé lors du premier vol habité par un humain dans l’espace. Mettre ses pieds dans ceux de Gagarine. Un petit pas pour l’homme, un grand…. Euh non, ça c’est une autre histoire. Ce pas de lancement est vide de toute fusée pour l’instant, mais il est toujours utilisé. « Notre » lancement aurait justement dû s’y dérouler. Oh well….

Les bras qui maintiennent la fusée, les bras « de service » tout est mécanique et semblable aux systèmes déjà en place en 1957 lors des premiers lancements sur place. Oh, ai-je dit qu’il ne s’est déroulé que dix-sept mois entre le premier coup de pioche et le premier lancement ?

La guide locale sera suivie de plusieurs autres dans les différents lieux visités du cosmodrome. Uniquement des femmes. Je n’ai pas réussi à savoir si elles étaient des scientifiques qui guidaient parfois les touristes, ou si elles n’étaient « que » guides. Dans tous les cas, leurs connaissances techniques m’ont impressionné et n’ont pas manqué d’impressionner un de mes compagnons de voyages dont la culture spatiale semblait très étendue.

Il y a peu de touristes. Nous étions les seuls ce jour-là dans tout le cosmodrome. Le coût de la visite est, m’a-t-on dit, prohibitif pour les populations locales. Je ne sais pas exactement à combien il se monte vu que dans mon cas il fait partie d’un tout.

Nous avons le droit de photographier le pas de lancement, depuis un endroit bien précis, mais pas le train qui amène la fusée à un pas de sénateur depuis la grande halle d’assemblage jusque-là. Je vous jure que c’était difficile de cadrer sans qu’on voit une partie de ce train !

Pas de tire numéro 1

Départ ensuite pour un ancien centre de contrôle du projet Buran, la navette spatiale soviétique. Pour cela, passage obligé par les sous-sols hyper sécurisés, situés derrière d’épaisses portes qui rappelant celles des abris anti-atomiques qui garnissent les fondations des villas suisses.

Les ordinateurs semblent dater de bien plus de trente ans. Tout est en état de marche, mais bien sûr, inutilisé, remplacé par des technologies modernes.

 

Visite ensuite au musée du Cosmodrome où nous voyons des pièces historiques. Modèles, reconstitutions, voire même des originaux, d’ordinateurs, scaphandres, nourriture spatiale, « siège » de décollage, capsules, etc…

Capsule (de Nescafé ?)

Position foetale pour le décollage.

Nous dévalisons la minuscule boutique du musée. Il y a quelques gadgets, t-shirts, magnets. Hélas pas ce que souhaite Maggie*. Je vais acheter une barre « Mars » à la cafétéria. Dans ma tête ne trotte plus « Space Oddity » mais « Life on Mars ».

Un homme dans l’espace !

Le nez de Buran

À l’extérieur du musée, un modèle grandeur nature de Buran, la navette spatiale soviétique. La seule qui ait volé a été détruite il y a quelques années, le toit de l’entrepôt dans lequel elle coulait une retraite heureuse s’étant effondré. Même si ce n’est qu’un modèle, le fait de pouvoir y renter, de grimper dans le poste de pilotage, a quelque chose d’émouvant.

Et, cerise sur le gâteau, visite de la maison où Gagarine et son remplaçant ont passé leurs dernières semaines avant le lancement.

D’ailleurs, son remplaçant, connaissez-vous son nom ?

Luxe calme et volupté pour une dernière nuit sur terre.

Titov. Le processus de sélection était long et difficile pour arriver à ces deux derniers noms. Ce qui a fait que Gagarine a été choisi plutôt que son camarade est source de spéculations. Je connais plusieurs théories, et depuis aujourd’hui, une de plus. Gagarine, à chaque fois qu’il pénétrait dans la fusée, ôtait ses chaussures, comme on le fait dans la région lorsqu’on arrive dans une maison. C’est ce qui aurait emporté la décision.

Salle de contrôle

Ses beaux yeux clairs ? Son extraction ouvrière ? Non, c’est son respect pour la fusée qui lui a valu sa place.

Maison de Gagarine et Titov

On s’attend que pour une dernière nuit sur terre, alors que les chances de revenir vivant sont inconnues, on puisse bénéficier d’un certain luxe. Ce n’est pas le cas. La maison est petite, très simple et chichement meublée. Elle me rappelle, tiens, l’hôtel Tsentralnaya.

Youri forever

Retour en ville après les check-points et passage rapide au musée Baïkonour. Pour Edward, notre jeune guide local, c’est une première. On se sent très nerveux et pas encore très bien rôdé. Malgré tout, il fait son travail. Je dois avouer qu’après une journée à courir dans le Cosmodrome, mon attention n’est plus tout à fait là. Il nous accompagne ensuite en mini bus pour un tour des principaux monuments de la ville. C’est là que Maggie* fait preuve de toute sa subtilité en se plaignant sans arrêt de ne pas entendre Edward, de ne pas le comprendre, etc. Lors d’un arrêt près de la statue de Gagarine, alors qu’elle s’était éloignée pour prendre des photos, je suis allée rassurer le jeune guide dont le visage commençait à se décomposer.

In the streets of Baïkonur

Nuit à l’hôtel Tsentralnaya qui n’a pas eu la bonne idée d’installer le wifi pendant notre visite au Cosmodrome.

Goodbye Lenin

*Prénom modifié.

Il faut que je vous parle de Cuba

Cuba – La Havane

Il faut que je vous parle de Cuba.

Cuba, c’est pour moi une très très vieille histoire.

Je devais avoir treize ou quatorze ans lorsque, dans le cadre d’un cours de géographie ou d’histoire, on m’avait attribué Cuba comme sujet d’exposé.

Cuba – La Havane

Comme on le faisait à l’époque, j’ai commencé par écumer les étagères familiales, les encyclopédies et dictionnaires que j’avais sous la main avant de me rabattre sur la bibliothèque cantonale. C’était l’époque où les ordinateurs occupaient des étages entiers et coûtaient plus qu’un bras de la Statue de la Liberté.

En me plongeant dans l’histoire de l’ile, c’est sans doute la première fois que j’entendais parler de la gauche ou du communisme non comme l’abomination suprême, mais comme un remède à quelque chose qui était pire : le régime de Battista. C’est également la première fois que j’ai lu des chiffres sur la répartition des richesses. Un vague début de conscience politique qui naissait. Si, ce jour là, on m’avait attribué l’Australie ou le Liechtenstein, peut-être ma vie aurait-elle été différente.

 

Cuba – La Havane

Toujours est-il que pendant des décennies, j’ai caressé l’idée d’aller voir le pays de Castro. En 2015 lorsque les Etats-Unis ont réouvert une ambassade à la Havane, je me suis dit que c’était la der des der pour voir un pays sans Starbucks ou McDo. Je compte mes petits sous, je regarde le calendrier, je franchis la porte de celle qui est devenue depuis mon agence de voyage, je lance « Espagnol » sur Duolingo et je réserve un voyage pour l’été 2016.

Cuba – La Havane

Ah…. l’arrivée à Cuba, quelques indices déjà que j’étais dans un monde différent. Lors des contrôles de sécurité – les officielles, dans mon souvenir il n’y avait que des femmes – font passer les personnes âgées et les familles avec enfants en bas âge devant. Pas de lignes particulières, simplement elles sont repérées dans la foule et invitées à couper la file. Pour les enfants en bas âge, c’est loupé, mais si je voyage encore dans 25 ans, j’aimerais que cette coutume locale soit devenue universelle.

Cuba – La Havane

Les formalités sont assez rapides et je prends un taxi pour la ville. Non, ce n’était pas une de ces anciennes américaines plus ou moins rutilantes ou rafistolées, ni une relique est-allemande, simplement une berline d’une marque chinoise que je n’avais jamais vue auparavant, un véhicule agréable, avec ceci de surprenant qu’il n’y avait pas de ceinture de sécurité. Quelle drôle de sensation après avoir pris l’habitude d’être constamment attachée en voiture !

Cuba – La Havane

Je passe deux ou trois jours à parcourir la vielle ville à pied, à me tordre les chevilles sur les pavés inégaux à force de ne pas regarder le sol. En effet, le spectacle est aussi en hauteur dans ces rues étroites. En quelques dizaines de mètres, on peut passer d’une place restaurée à merveille à une ruelle où tout semble en ruine. La ville se répare, se bricole, se rafistole petit bout par petit bout, mais même les ruines ont un charme fou. Oui, je parle bien là d’architecture, mais je pourrais également parler des habitants. Que ce soit à la Casa Particular (chambre d’hôte) ou dans la rue, les contacts avec les cubains sont chaleureux et bienveillants. Jamais pendant tout mon séjour je ne me suis sentie en danger de quelque manière que ce soit, de jour comme de nuit, dans les villes visitées. Bien sûr, il arrive qu’on vous aborde, principalement pour vous proposer les services d’un taxi, mais un « no gracias » suffit pour retrouver la solitude.

Cuba – La Havane

Cuba – La Havane

Après La Havane, j’ai rejoint un groupe qui visitait plusieurs autres villes de l’ile : Viñales, Trinidad, Cienfuegos et Santa Clara avant de retourner à La Havane. Ce groupe comportait des Australiens, Neo-zeelandais, Anglaises, Canadienne, j’y ai même trouvé une compatriote germanophone. Il semble qu’il y a également à Cuba du tourisme purement balnéaire, mais, à l’exception d’une après-midi à la plage, je ne m’y suis pas intéressée.

Le tourisme est actuellement en pleine extension, et ceci, sans les Etats-uniens qui pourtant sont les très proches voisins (souvenez-vous de la crise des missiles). Il semble que le monde entier partage mon soucis de voir La Havane avant qu’elle ne croule sous des hordes de personnes en short à fleur et Canon en bandoulière.

Cuba – La Havane

Les Casas particular, les services aux touristes, font qu’une économie parallèle se forme à côté de l’économie officielle. J’ai rencontré un avocat qui arrondissait ses fins de mois comme guide de la Havane. Une violoniste passait son été à faire le ménage dans les « Casas » de la ville. J’ai entendu parler de médecins qui préféraient conduire des Coco Taxis, etc.

Cuba – La Havane

Alors qu’on sait que l’éducation et la médecine à Cuba sont parmi les meilleures au monde, on ne peut que regretter ce gâchis.

Cuba – La Havane

En parlant d’argent, je suis allée changer mes Euros à la Cadeca (Casa De Cambio, voyez comme je frime avec mes connaissances locales et mon espagnol de cuisine) et ai à nouveau vu ce souci des plus âgés.  Comme la Cadeca est petite, les clients font la file à l’extérieur, sous le soleil qui frappe de toutes ses forces, un employé ne laisse entrer qu’une personne à la fois dans ce havre de paix et de fraicheur climatisée. Mais si vous êtes une personne âgée, vous vous présentez directement à l’employé qui vous laissera entrer aussitôt qu’un guichet se libère.

Cuba – La Havane

Il en va de même à l’ETECSA (Etreprise de Télécommunication de Cuba), l’endroit où, contre les pesos cubains que vous venez de vous procurer, on vous vendra une carte de communication qui vous permettra de vous connecter à internet dans certains endroits de la ville.

(à suivre)

Cuba – La Havane