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Vingt-quatre heures avec Nikita

Il y a dans les trains russes plusieurs classes de voyageurs. Celle qui nous est réservée comprend des couchettes pour quatre personnes. Nous serons 5. Je partage la mienne avec Sarah, une australo-américaine qui fait partie du groupe Intrepid, ainsi que Galina, une Russe d’un âge certain, ainsi que Vania, 4 ans, et sa maman.

Tous les voyageurs de mon groupe sont dans le même wagon mais nous sommes répartis dans des compartiments différents. 24 heures, c’est long. De quoi finir un roman, dormir, commencer un autre roman, se préparer un thé grâce au samovar du wagon, et surtout faire la connaissance de Nikita. D’abord de ses beaux yeux qui guignent par le fenêtre de son compartiment, à chaque fois que je passe dans le couloir.

Il a neuf ans, un t-shirt rouge marqué Russia et flanqué du drapeau de son pays, et surtout une grande curiosité et une drôle d’envie de rentrer en contact avec cette bizarre équipe anglophone.

Il tente un « hello », un « thank you » lorsque je le laisse passer. Il veut connaître toute l’étendue de mon vocabulaire russe et le compléter de mots nouveaux. Je vais chercher mon iPad et lui montre l’application qui me sert à enrichir mes connaissances. Nous jouons pendant quelques heures sous les yeux amusés de Galina. Les grands éclats de rires lorsque nous nous définissons, lui comme le maître et moi comme l’élève. Et je dois dire que j’étais très émue à Barnaoul lorsque qu’il m’a ouvert ses bras avec un grand до свиданияю

Au fond de mon sac un couteau suisse dont j’aurais pu me passer. Je voulais le lui offrir. Mais bien sûr, les choses ne sont jamais où elles doivent être et je n’ai pas pu lui laisser ce petit souvenir d’une rencontre improbable dans un train entre Karaganda et Barnaoul.

Jour 7 – Samedi 28 – Turkestan – Otrar – Chimkent – Train de nuit

La matinée se passe à revoir, de jour, l’impressionnant complexe comprenant le Mausolée d’Ahmed Yasavi. On ne peut pas prendre de photos à l’intérieur, en partie pour éviter que les flashs des flasheurs fous n’abiment les inscriptions, en partie pour ne pas déranger les pèlerins, nombreux. Même s’il n’y a plus d’activité à proprement parler religieuse à l’intérieur du Mausolée, le fait qu’il soit considéré comme un lieu saint par une bonne partie de la population locale incite au respect du lieu.

Mausolée de jour

Plus loin, une ancienne mosquée. Encore plus loin, des bains publics, avec leurs diverses chambres à diverses températures.

Des champs entiers doivent encore être fouillés par les archéologues et cachent sans doute encore bien des trésors.

Nouvelle mosquée

Au loin, une mosquée récente rappelle de sa coupole et de ses couleurs l’ancien mausolée. Elle est  construite avec l’appui financier de la Turquie. C’est curieux, en juillet dans les Balkans, j’avais déjà entendu ça, en particulier en Albanie si ma mémoire est bonne.

Nous nous livrons, sur ce site, à une course contre la montre contre des centaines de touristes en grappes suivant des guides qui brandissent des drapeaux de diverses couleurs. Notre petit groupe de 5 guidé par Nazira slalome tant bien que mal, tentant de prendre de vitesse les autres, avantagés par notre nombre. On me souffle à l’oreille qu’ils débarquent de l’Orient Express. L’Orient Express ? Ça existe encore ? Il va falloir creuser ça, tant le nom à lui seul donne de nouvelles envies de départ.

Otrar

Trajet en bus jusqu’à Otrar, oui, le même nom que l’hôtel que j’occupais à Almaty. Nous y visitons un site de fouilles. Ici encore, c’est le paradis des archéologues. Des sacs d’or y sont régulièrement retrouvés. C’est là que mourut Tamerlan en 1405. L’endroit est désertique. Pas un brin d’ombre. La température peut y monter jusqu’à 45 degrés. Quelle bonne idée de voyager en octobre !

Encore un trajet en bus jusqu’à Chimkent, que nous ne faisons qu’apercevoir. Nous nous engouffrons dans un train de nuit pour Almaty.

A la gare comme à la gare

Luxe des wagons couchette. Je ne plaisante qu’à moitié. Le bruit du train et son bercement me font passer une excellente nuit. Notons qu’un Wifi donne accès à un intranet qui propose films, nouvelles et musique – mais bien sûr pas d’accès au reste du monde. Ça aurait été trop beau !