Archives mensuelles : juillet 2017

Game of Dubrovnik

Dubrovnik s’est fait désirer. Le passage de la frontière nous à pris trois heures. Un système informatique en panne ? Des douaniers peu pressés ? La volonté de contrôler absolument tous ceux qui passent par cette porte d’entrée-là de l’Union Européenne ?

Toujours est-il qu’il en a fallu du temps, sous un soleil de plomb, pour enfin fouler le sol croate et que Dubrovnik a dû déployer tous ses charmes pour se faire pardonner.

 

Ça fait deux saisons que je ne regarde plus Game of Thrones, mais je ne suis pas déconnectée au point d’ignorer que la production de cette série a choisi Dubrovnik pour y tourner une partie de la série. Je ne sais pas quand et comment ils organisent le tournage car la foule y est dense et permanente. Un peu partout on vous offre des « Game of Thrones Tours », on vous vend des objets liés aux protagonistes de la série. Certaines boutiques lui sont même entièrement consacrées.

On entend parler toutes les langues, dont beaucoup de français, bien plus que dans mon souvenir. Car j’étais déjà venue à Raguse, et j’y avais déjà trouvé l’invasion touristique pénible.

Elle a doublé.

Oui, je fais partie de ces touristes qui se plaignent qu’il y ait trop de touristes là où je veux tourismer en paix.

 

De de mon précédent séjour, outre le souvenir de l’excellente compagnie dans laquelle je me trouvais, le point culminant, dans tous les sens du terme, avait été l’ascension de la montagne, en télécabine, la chaleur rendant difficile l’idée de l’entreprendre à pied.  Un peu par hasard, nous nous étions retrouvés dans le fort qui sert de musée de la guerre d’ex-Yougoslavie. On peut monter sur le toit et y admirer la vue magnifique sur la ville, la baie de Lapras, et, splendeur ultime, la lente descente du soleil sur la côte dalmate.

J’y suis retournée, comme en pèlerinage, appli en main qui détermine l’heure exacte où Hélios va se baigner dans l’Adriatique et j’attends. J’attends que le ciel s’embrase.

Faut-il voir Dubrovnik ? Evidemment. C’est même une des destinations que vous devez avoir vue au moins une fois dans votre vie. Et bien sûr, vous devrez également prendre le temps d’admirer la vue d’en haut. Débrouillez-vous juste pour que ça ne soit pas en même temps que moi car je réserve le coin au fond à gauche du fort pour pouvoir prendre les plus belles images.

 

Je ne sais toujours pas quoi penser de l’homme qui m’a raccompagnée à l’aéroport. C’est un chauffeur, à qui je demande si ça ne le dérange pas que je m’assoie à ses côtés pour le trajet. Bien sûr, il est d’accord, et nous faisons la conversation. Il me confie son dépit face à la vague touristique, principalement celle des clients de croisière (coucou Kotor), et le développement un peu anarchique de la ville. Entre deux considérations sur la vie en Croatie et les répercussions encore vives des guerres entre voisins, Il me prend la main pour me dire à quel point je suis une wonderful lady ! Il ne voulait plus la lâcher !!! Sors de ce corps Donald Trumnp. À mon grand désarroi, la voiture était une automatique et il ne devait donc pas me libérer pour passer les vitesses.

Lapad

 

Malaise.

C’était peut-être très innocent et sincère et je ne suis qu’une Suissesse qui supporte mal qu’on s’immisce dans mon espace privé, L’aurait-il fait également si mon mari avait été assis sur le siège arrière ?

 

Je ne le saurai jamais.

À voir à Dubrovnik outre son coucher de soleil ? La vieille ville bien sûr, avec ses églises, musées, remparts, ruelles, boutiques, restaurants. La baie de Lapar à parcourir à pied le long de la mer, tôt le matin de préférence. Et, offrez-vous un petit détour par l’ile de Lokrum, juste en face de la ville.

Et sinon, toujours pas de McDonalds ou Starbucks dans l’enceinte de la ville. Yes !!

 

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Les Chats de Kotor ont bien du mérite

Il y a quelques années, lors d’un séjour à Dubrovnik, Dany avait suggéré une excursion d’un jour à Herceg Novi, porte d’entrée du Montenegro. J’en garde un souvenir lumineux, mais peut-être était-ce dû en bonne partie à l’excellente compagnie en laquelle je me trouvais.  C’est forte de cette impression que j’ai abordé Kotor, première destination véritablement touristique de ce tour des Balkans.

 

Alors oui,Kotor est un vrai petit bijou. Coincé entre la montagne et la mer, cerné de hautes murailles, il engloutit tous les matins des milliers d’humains crachés par les navires de croisière pour les recracher le soir, délestés de bien des Euros.

 

Kotor est également connu comme étant la ville des chats. Il y a longtemps, la peste, propagée par les rats, avait décimé une partie de la population. Les félins y ont mis bon ordre, décidant qu’ils auraient la peau des nez pointus. Depuis, ils ont assis leur suprématie, n’admettant que quelques canins comme esclaves. Blague à part, ils ont bien du mérites, ces chats qui supportent à longueur de journée ceux qui veulent les immortaliser.

À Kotor, lorsque vous aurez parcouru dix fois les ruelles étroites, que vous aurez affronté les escaliers menant jusqu’à la forteresse, trouvez un bateau qui vous emmènera jusqu’à l’île Notre Dame des Rochers, crée par l’obstination et la foi de marins qui sont venus amener des pierres, une à une, et ensuite y  ont construit une église. Faites une petite pause dans la baie pour vous baigner et seulement ensuite, appréciez un peu de rakia local.

Ma chambre, à l’hôtel Marija, donnait sur une place minuscule et fréquentée par de talentueux musiciens de rue – oui, il y en a de médiocres, mais pas ceux là.

Musicienne de rue

Vraiment, Kotor est un très bel endroit qu’il est difficile d’apprécier au milieu de la foule. Mais tôt le matin, avant l’arrivée des passagers de croisière, c’est une splendeur.

Big plus, pouce bleu, rt etc. pour Kotor et ses chats.

Et, pour la petite histoire, non, à l’heure où j’écris ces lignes, il n’y a ni Starbucks ni McDonalds dans les murs de la ville.

 

Oh Lord, Won’t You Buy Me A Mercedes Benz

C’est dans la moiteur et au milieu des touristes qui envahissent Kotor que je tente de me remémorer les quelques jours passés en Albanie.

Le trajet, depuis la frontière Macédonienne jusqu’à Kroce,puis Tirana, puis Kruja, et enfin Schköder, me rappelle les vacances en Italie de mon enfance, Tout semble mal fini, comme perpétuellement en travaux, qu’il s’agisse de la route, des maisons, des commerces, des champs. Tout est en chantier. Pendant longtemps, sous le régime de Hoxha, les habitants n’avaient même pas le droit de conduire, ce qui explique peut-être leur manque de « culture routière » et l’impression de risquer sa vie à chaque dépassement ou lorsqu’on veut traverser la route, même sur les passages piétons.

Korçe

Je me suis arrêtée à Korçe, à Tirana, à Kruja, à Schköder.

J’ai l’impression de ne pas rendre justice à la ville de Kroçe en disant d’elle qu’elle manque de charme. Mais j’ai beau chercher, je ne lui trouve rien qui vaille la peine de s’y attarder. Tout au plus ai-je été surprise par la curieuse tour-plongeoir qui ne sert à rien d’autre qu’à offrir, contre paiement, une vision panoramique sur la ville. Art moderne ? Parfois je comprends, parfois je suis interpellée,  souvent je doute. Là, je suis très perplexe.

 

« Tour » de Kroçe

 

Tirana n’est la capitale de l’Albanie que depuis une centaine d’années, choisie pour sa position centrale. Même si son centre a encore une architecture bien marquée par la période communiste et compte même plusieurs bâtiments de style fasciste, datant de la période de l’occupation italienne, elle se complète par des constructions ultra-modernes telle qu’on en trouve dans toutes les villes du monde.

Une rue George W. Bush, un café qui porte son nom, une statue de Bush père… Un mètre de large du mur de Berlin dans un parc de la ville, à côté d’un bunker transformé en entrée de musée. La Turquie qui montre son soutient en finançant une mosquée, et le drapeau bleu aux douze étoiles qui flotte partout, symbole de la volonté du pays de rejoindre l’Europe. Les femmes absentes des établissements publics, et l’aéroport de la ville à qui on donne le nom de mère Teresa. Symboles et contrastes. Le pays semble hésiter et balancer entre l’Est et l’Ouest.

Dans la longue rue qui mène du centre à mon hôtel, beaucoup de vendeurs de maïs grillé, des stands d’habits bon marchés et des étals de fruits et légumes. Je fais le plein de fruits et comme toujours, je dis « no plastic » en rangeant mes courses dans un sac en toile. S’ensuit une discussion sur l’environnement avec la jeune vendeuse qui, dans un anglais parfait, m’explique son étonnement. « All Albanians want plastic bags ». Et moi avec mon attitude de privilégiée sûre de ses principes, qui dépense sans compter les litres de kérosène pour assouvir ma soif de nouveaux horizons, je voudrais donner des leçons d’écologie ?

Statue de Mère Teresa, héroïne nationale.

 

« Pyramide » d’Hoxha

Les bunkers d’Hoxha.

Hoxha…. voilà un nom peut-être moins connu que Staline, Tito, Ceausescu ou Mao. Est-ce dû à l’isolement de son pays ? Cet isolement il l’a voulu et construit petit à petit. Pur et dur, il a coupé les ponts avec son voisin yougoslave, puis avec les Russes, avec les Chinois, au fur et à mesure qu’il estimait que leur façon de voir la doctrine se corrompait et n’était plus fidèle à l’idéal communiste. L’Albanie s’est donc progressivement coupée du reste du monde pour devenir un pays ermite, un peu à l’image de la Corée du Nord actuelle, avec son lot de répression et de dénonciations.

Bunker

Parmi ses délires, Hoxha a fait construire des bunkers par dizaine de milliers un peu partout dans le pays. Ils subsistent aujourd’hui, même s’ils sont haïs par les habitants, car. très difficiles à détruire. Normal pour un bunker, non ?

Bunker partiellement détruit

C’est peu dire que le choc a été rude à la chute du mur lorsque le pays s’est ouvert et que les habitants ont pu voir de leurs yeux que le reste du monde avait avancé et pris un chemin très différent.

J’avais lu il y a bien longtemps un article du NY Times sur le nombre impressionnant de Mercedes Benz en Albanie. Quinze ans plus tard, je confirme volontiers, même si les Audis ou BMW ont également droit de cité. J’ai l’impression que la pyramide de Maslow dans ce pays doit comporter une case « voiture de luxe », ce qui n’empêche pas de croiser également sur les routes de campagne, des chars tirés par des chevaux ou des ânes.

Tirana n’est pas une destination touristique, mais c’est une ville agréable sur laquelle il serait dommage de faire l’impasse si vous passez quelques jours en Albanie. Si possible, trouvez un guide qui connait l’époque communiste et pourra vous faire profiter de ses connaissances. C’est édifiant.

Kruja

Pour moi, Scanderbeg était un opéra de Vivaldi. Depuis ma visite à Kruja, je mesure mieux l’importance qu’a ce personnage dans l’histoire de l’Albanie. C’est *le* héros par excellence, celui qui a résisté, celui qui a tenu tête aux Ottomans. Kruja est son lieu de naissance, là où un musée lui est consacré.

Skanderbeg

Kruja, aujourd’hui est un petit bourg qui doit vivre principalement du tourisme lié à cette présence. On y paye indifféremment en Leks ou en Euros et on vous aborde en anglais pour vous vendre tout et n’importe quoi, du châle (il fait 35 degrés) au chiftele de décoration en passant par d’ancienne coupures yougoslaves ou par des écrits d’Hoxja. J’ai cédé à la folie commerciale et laissé quelques Euros ou Leks, en revanche, il n’a pas été facile de résister à cet homme qui, après m’avoir raconté en long, en large et en travers, son parcours de vie tortueux a commencé à insister lourdement pour que je lui accorde « a little help ». Bien sûr, quelques minutes plus tard, je le retrouve qui raconte la même histoire à une autre touriste de passage. Les femmes seules sont peut-être sa cible idéale.

Rue commerçante de Kruja

Schköder

Je ne sais pas ce que la ville Schköder a de particulier outre sa forteresse, mais celle-ci est impressionnante et offre une vue magnifique. La montée est rude mais assez courte pour ne pas décourager le touriste peu sportif. Pensez à vous protéger du soleil. L’ombre est rare.

 

Vue depuis la forteresse de Schköder

OLYMPUS DIGITAL CAMERAL’Albanie a toujours été pour moi assez mystérieuse. Lors de vacances à Corfou (eh oui, il fut une époque lointaine où je prenais des vacances au lieu de voyager), je regardais les côte, fascinée par ce pays étrange et si proche.

Y aller ? Bien sûr ! Surtout maintenant. J’imagine que, comme le tourisme a envahi la côte croate puis monténégrine, il ne va pas tarder à coloniser la côte de l’Albanie, faisant ainsi la jonction avec la Grèce. C’est peut-être le dernier moment pour découvrir ce pays avant qu’il ne se transforme en succursale de MacDo et Starbucks.

 

La perle des Balkans

Mon voyage dans les Balkans n’est pas encore terminé que je sais déjà quel est son point culminant.

 

Carte postale

Si la gare routière d’Ohrid ressemble à toutes les gares routières, au fur et à mesure qu’on se rapproche du Lac les bâtiments se font plus beaux, comme contaminés par la splendeur de la nature.

 

Ohrid

Et s’il n’y avait que ça, Ohrid pourrait n’être qu’une station balnéaire comme une autre, rajoutez sa ville ancienne accrochée à la colline, son vieux bazar, ses églises, son théâtre antique, sa forteresse, ses plages, son port de plaisance. Que de richesses, de délices pour les yeux.

 

Théâtre

 

 

 

Forteresse Samuel

Pas étonnant que la région soit habitée depuis des millénaires, tant elle a à offrir.

Taisons-nous et laissons parler les images.

Ohrid

 

Et quand vient le soir

Lac Ohrid

Priz(r)en break

 

Parmi mes élèves, beaucoup ont des origines au Kosovo, que leur famille soit installée depuis bien longtemps ou qu’elle soit arrivée poussée par les guerres qui ont ravagé les Balkans.  Ils ont intégré  non seulement nos salles de classe, mais nos équipes sportives, nos écoles de recrues, notre économie, notre politique participant à notre prospérité.

Pourtant, rares sont les Suisses à connaître le Kosovo. Demandez par exemple autour de vous quelle en est la capitale et vous risquez de rencontrer des regards perplexes (Wikipedia interdit !!), tout au plus vous parlera-t-on de Shaqiri ou Xhaka ou d’un voisin qui a ouvert un restaurant.

Mosquée

En un mot comme en cent, Prizren – non, ce n’est pas la capitale – comment ça, vous n’avez pas encore googelé  ? – est un petit bijou de ville au Sud du pays, et donc à portée d’excursion de Skopje. La ville  s’étend au pied d’une forteresse, oui, elle aussi, et s’articule autour de la rivière Bistrica. Cette dernière compte plusieurs ponts dont un rappelle, en plus petit, le fameux pont de Mostar en Bosnie-Herzégovine.

Vue depuis la forteresse

Prizren, bien qu’absolument adorable ne compte que peu de touristes. La plupart des véhicules à plaques étrangères sont suisses et conduits (me semble-t-il) par des Kosovars d’origine en vacances.

Notez si vous allez au Kosovo que la monnaie utilisée est l’Euro, ce qui est bien pratique. Le coût de la vie y est également très bas. On peut déguster un délicieux cappuccino pour un euro.

Un Euro

À Prizren, outre la forteresse, vous pourrez trouve de nombreuses églises et mosquées. Pensez à amener un foulard pour couvrir votre tête le temps de la visite.

Prenez surtout du temps pour flâner dans le vieux bazar et peut-être boire à la fontaine, si vous le faites, la légende dit que vous reviendrez à Prizren. Il y a pire sort.

Peu de touristes, au point qu’au moment où je m’arrête pour immortaliser le pont sur la Bistrica, un jeune homme m’interpelle.

  •  Where are you from ?
  • Switzerland
  • You like this town ?
  • Yes, very much. Very beautiful.
  • Best town in the world ! Remember, best town in the world !

Best Town In The World

 

Drôle de Macédoine

Il y a fort longtemps, étudiante, je faisais régulièrement le trajet de Genève à Sion en train. Je me souviens d’un homme âgé qui avait manqué son arrêt, plongé qu’il était dans sa lecture.

Avide de bonne littérature, je m’étais contorsionnée le plus discrètement possible pour arriver à lire le titre de cet ouvrage au pouvoir si captivant. L’usage du Monde – Nicolas Bouvier. A peine dans la capitale valaisanne, j’avais remonté l’avenue de la Gare presque jusqu’à la Planta où je savais trouver une librairie. Existe-t-elle encore ?

A mon tour je m’étais plongée dans le récit du bourlingueur et de son ami peintre.

Il ne m’en restait plus que quelques souvenirs épars et des impressions diffuses lorsque j’ai racheté l’usage du monde en vue de ce tour des Balkans.

Bien sûr, mon voyage en avion et bus climatisés n’a que peu à voir avec les pérégrinations des deux complices en Fiat usée, mais elles ont eu le mérite d’éveiller en moi l’envie de sentir l’odeur du melon que Bouvier décrivait si bien.

En parlant d’odeur, j’ai pu découvrir celle de la terre qui s’humidifie sous l’averse à Sofia, et aussi celle qui suit l’ondée à Skopje, premier arrêt après la capitale bulgare. Pour la première fois, j’expérimente les trajets en bus de ligne. 30 euros entre les deux capitales. Mon voyage en train depuis Fribourg pour aller à Zurich prendre l’avion me coûte plus cher.

Je craignais des températures caniculaires pour ce séjour mais pour l’instant, j’ai plutôt tendance à regretter mon parapluie ou un feu de cheminée. Ma tentative de voyager avec le strict nécessaire est punie ! Pas de parapluie, pas de sweater, pas de capuchon….pas de bras, pas de chocolat. Mais nous sommes en été et l’odeur du melon flotte discrètement.

Skopje

Skopje. Il n’y a peut-être qu’à la Havane où le sordide côtoie le sublime de si près. Et encore… sublime…. je ne sais pas si c’est le mot. La Place de Macédoine est neuve, bordée de statues et baignée de jeux de lumières dont on ne peut qu’apprécier le kitch. Faut-il vraiment se constituer une statuaire artificielle pour raviver la flamme nationale ? J’ai cru comprendre que beaucoup de macédoniens se plaignent des centaines de millions d’euros dépensés dans si peu de mètres carrés alors qu’ailleurs dans la capitale ou dans le pays, on aurait bien besoin d’un coup de main pour créer ou rénover des infrastructure.

Mais qui suis-je pour leur dire comment dépenser leur argent ? Not my circus, not my monkeys.

 

Skopje

Alors qu’en 10 minutes, montre en main, et à pied, on passe du centre ville à une sorte de banlieue grise et recouverte de graffitis, le sentiment d’insécurité ne croît pas. Aucun souci à regagner mon hôtel, seule, alors que la nuit est tombée depuis bien longtemps.

La vie – enfin, la nourriture – y est extrêmement bon marché pour un portefeuille helvète. Les taxis tenteront peut-être d’arrondir leurs fins de mois sur votre dos en oubliant de démarrer le compteur, mais si vous leur demandez de le mettre « meter meter please» et exigez une quittance « ticket, ticket please », vous vous en tirerez à peu de frais.

 

Skopje

Le Wifi gratuit était proposé dans tous les établissements publics où je me suis arrêtée.

Faut-il aller à Skopje ? Absolument, pourquoi pas ? Dégustez une bière artisanale en descendant de la forteresse à la « Old Town Brewery » et écouter battre le coeur de la cité sur la place de la Macédoine, de jour comme de nuit.

 

Skopje

On ne s’habitue jamais tout à fait

Le trac, ça viendra avec le talent, disait je ne sais plus quelle grande actrice à une starlette qui se vantait de ne pas en avoir… de trac donc.

Je me rappelle cette citation à chaque fois qu’il m’arrive encore de monter sur scène, ne serait-ce que pour accompagner une élève qui se produit pour ses parents et ses camarades lors de la remise des diplômes. Non, je ne me targue pas d’avoir un grand talent de musicienne, tout juste assez pour en faire un métier, mais ça me rassure de penser que le trac est normal, et qu’il est aussi normal d’en avoir encore, après tant d’années.

De la même manière, embarquer dans un train dès potron-minet pour Zürich ou Genève aéroport (si je veux que mon vol soit aux bons soins d’Etienne (https://twitter.com/flightlevel150) ), passer la sécurité, le contrôle des passeports, n’est pas banal. Lorsque j’arrive dans cet immense hall et que je cherche les informations sur les grands panneaux bleus, je vis encore un moment extraordinaire et mon cœur bat un peu plus vite. Est-ce qu’un jour je serai totalement blasée et j’entrerai dans un aéroport comme on entre dans une gare ? J’espère que non. Je préfère ce frisson.

 

Un contretemps m’empêche de prendre le vol direct Zurich Sofia et je me retrouve sur Air Serbia avec une escale à Belgrade. Pas de quoi trop se réjouir vu que je ne pourrai pas sortir de l’aéroport. Le premier vol m’apprend que la compagnie nationale serbe est entrée de plein pied dans le XXI siècle. Il y a du Wifi, on peut regarder les films proposés directement sur notre téléphone ou notre tablette.

L’aéroport Nikola Tesla m’aura appris que Novak Djokovic est sans doute bien plus important que Federer chez nous. Il a « sa » boutique avec gadgets et articles sportifs à son nom, son visage placardé en grand format, tel une star de cinéma.

Tout se gâte après Belgrade où un ATR-72 ferait passer Air Koryo pour une compagnie à la pointe de la mode. J’ai eu mal aux oreilles tant le bruit des moteurs était atroce. Ma voisine a sans doute dû se réveiller le lendemain avec des courbatures puisqu’elle a passé l’heure de vol tétanisée, ses mains agrippéea aux accoudoirs, la tête rentrée dans les épaules. Je lui dois cependant une fière chandelle, car la voir si crispée m’a permis de me détendre.

 

On ne peut pas tout avoir. La joie de la découverte d’ un aéroport inconnu, avec son lot d’hésitations et la possibilité de se faire arnaquer par un chauffeur de taxi peu scrupuleux, et des amis sur place.

On m’attendait donc et j’ai pu découvrir l’essentiel de Sofia en bonne compagnie.

Les mauvaises langues diront peut-être que je me répète mais je suis très sensible aux espaces verts, et même si parfois les racines des arbres rendent la marche difficile, tant ils prennent leur liberté et déforment les trottoirs, je ne peux qu’apprécier leur prolifération, entre béton et bitume. Jolie formule, n’est-ce pas que ce « entre béton et bitume ». C’est de Maxime Le Forestier qui s’y connaît en arbres.

Comme un arbre dans la ville

Un trajet en tram m’a fait même traverser une petite forêt. Toute ma sympathie va aux urbanistes qui décident de laisser une belle place à la verdure, qu’elle soit totalement domestiquée comme dans les grands parcs, ou plus sauvage à l’image de ce bois urbain.

La langue bulgare s’écrit en caractères cyrilliques et je m’amuse à tenter de déchiffrer les devantures, heureuse lorsque j’identifie une « banque de leasing » ou un « garage ». Elle sonne douce à mon oreille, même si, avec mes amis bulgares, nous échangeons en français et en anglais.

Trois jours donc, à découvrir Sofia, et à en déguster la cuisine. Merci le tarator, merci les poivrons, merci le fromage, merci le mish-mash revisité, merci l’ayran, je pourrais m’habituer à vous.

Tarator

Si plus haut j’ai félicité les urbanistes, je pourrais maintenant les gronder. A-t-on idée de laisser se développer la ville ainsi sans idée directrice ? Sofia est schizophrène, hésitant entre des architectures diverses, se permettant d’une main d’enfouir des ruines millénaires sous la construction d’un hôtel de luxe alors que de l’autre, elle réhabilite une antique nécropole sous la basilique Sainte Sophie.

Mish Mash

Et sinon, j’ai mis du temps à réaliser pourquoi j’avais « Goodbye Yellow Brick Road » en tête pendant toute une après-midi. Vous a-t-on déjà parlé des pavés dorés de Sofia ?

Good Bye Yellow Brick Road

J’ai tellement battu le pavé, j’ai tellement amassé d’informations pendant ces trois jours que je n’arrive pas à structurer ce que j’ai appris.

J’ai surtout eu la chance de retrouver de vieux amis presque perdus de vue, de pouvoir bénéficier de leurs connaissance, de leur disponibilité et de leur générosité.

Demain matin, départ pour la Macédoine

 

 

 

 

 

Du monde aux Balkans

Il y a toute une série de pays par dessus lesquels on saute volontiers à pieds joints.

Depuis notre Europe de l’Ouest, on va à l’autre bout du monde, ou, si on n’aime pas quitter l’Europe, il est de bon ton d’avoir vu le Portugal, l’Espagne, la Grèce.

Mais sur le chemin de la Grèce ou de la Turquie, existent une foultitude de pays. Si Games of Thrones a popularisé l’incroyable Dubrovnik qui se perd tout au sud de la Croatie, plus loin, plus bas, à l’Est, on trouve un amalgame de pays que les plus âgés d’entre nous auraient tendance à mettre dans la catégorie « Pays de l’ex-Yougoslavie dont on ne connaît pas très bien ni les noms ni les frontières ». Pour les plus jeunes, c’est « Ah oui, mon pote Demir vient de par là-bas je crois ». Pour les plus sportifs, c’est la réserve de joueurs de l’équipe suisse de foot.

Comme j’aime sortir des sentiers battus, c’est avec curiosité que je vais goûter un peu de la Bulgarie, de la Macédoine, du Kosovo, de l’Albanie, du Montenegro et de la Croatie. J’ai d’autant plus de curiosité que, parmi les jeunes que je fréquente le long de l’année scolaire, beaucoup viennent de ces pays.

Je ne sais pas trop ce qui m’attend au niveau paysage, cuisine, musique, température. Je me vois déjà me perdre entre les Lek, les Lev, les Denar, les Kunas et les…. Euros.

Comme apéritif, à Sofia, je vais retrouver deux amis, deux vieilles connaissances (oui, je sais, c’est moi la vieille), de quoi bien débuter le voyage.

Lorsque je pars, je fais en général de longues listes de choses à ne surtout pas oublier… et vu que je voyage de plus en plus, je trouve absurde de chaque fois refaire plus ou moins les mêmes.  J’ai décidé de tester une app iPhone, PackPoint pour ne pas la nommer.

On entre la destination (j’ai mis Sofia), la durée du séjour, et s’il s’agit d’un voyage d’affaire ou de loisirs et l’app nous propose une liste qu’on peut, par la suite, personnaliser. J’ai bien ri à sa suggestion d’emmener 5 pantalons, 15 paires de chaussettes, 8 tops.  Si je l’écoute, je dois prendre trois valises.Par ailleurs j’ai trouvé scandaleux qu’elle ne me propose pas des sachets de thé par défaut !  Mais ces quelques détails mis à part, elle m’a proposé une liste plutôt correcte.

Et vous ? Quelles sont vos apps de voyage indispensables ?

 

 

 

 

 

 

Cuba. Y aller ?

Trinidad

La Havane

Que dire de Cuba ?

Admirer la résilience de ce pays qui, malgré la chute de tous les régimes amis et l’embargo qui l’étrangle depuis si longtemps arrive à maintenir un si haut taux d’alphabétisation et un excellent système de santé.

Déplorer que ce système qui produit de si bons médecins ou intellectuels n’arrive pas à leur offrir un salaire décent ?

Admirer le système D qui permet aux Cubains d’avoir accès aux informations venant du reste du monde.

Déplorer que ça ne serve bien souvent qu’à regarder du sport ou des séries américaines à faible valeur ajoutée. (Je suis bien consciente que les Cubains ne sont pas les seuls dans ce cas).

Apprécier la récente ouverture au monde et la liberté de parole que je n’aurais pas espérée dans un régime totalitaire.

Déplorer que la démocratie soit si peu développée.

Adorer leur agriculture bio.

Craindre que ça ne dure pas.

Adorer le rhum et la musique

Déplorer que le rhum et la musique ne voyagent pas si bien.

Vouloir y retourner un jour.

Hasta la victoria siempre !

Trinidad, ses pavés, ses cigares, sa plage, ses couleurs

Trinidad,

Trinidad

Proche de l’Océan, Trinidad est une ville multicolore perchée sur une colline. Rues étroites et pavées, une place centrale bordée de terrasses qui se transforme la nuit en salle de concert et de danse à ciel ouvert.

Trinidad

 

Trinidad, ses maisons basses et portes ouvragées. Son accès à la plage qui m’a fait un instant penser être au paradis.

Trinidad

Trinidad

Le Paradis, une notion bien religieuse…. D’ailleurs Trinidad compte la seule maison dédiée à la Santeria, le temple de Yemaya. Je me suis laissé dire que deux religions coexistent pacifiquement à Cuba – outre le culte du Che, bien entendu – : la santeria et le catholicisme. La Santeria ne nécessite pas de lieux particuliers, les fidèles priant chez eux en y érigeant de petits autels. Je me suis laissé dire que, alors que les plus pauvres sont plutôt chrétiens car ils prient pour améliorer leur sort, les adeptes de la santeria, eux, cherchent avant tout à conserver leurs privilèges et se trouvent donc plutôt dans une couche aisée de la population.

 

Santeria – Trinidad

 

 

Dans les rues étroites on trouve des étals de marchés qui vendent quelques instruments de percussions, des recettes de cocktails gravés sur bois, des étuis à cigares et autres babioles pour touristes.  Comme on m’avait passé une commande, je demande à une vendeuse où je peux acheter des cigares. Elle appelle une femme, qui en appelle une autre qui vient vers moi et me fait signe de la suivre dans le dédale des rues. J’entre à sa suite dans une maison, on vérifie que je ne suis pas suivie, et on me fait pénétrer dans une chambre. Sur le lit, étalés, une quantité de boites de cigares, il doit y en avoir pour des milliers d’Euros. J’ai l’air maligne avec ma commande d’une petite boite. Ca fera 40 CUC madame. Voilà. Le sceau de la boite est brisé, seule, dans une petite chambre de Trinidad, avec 4 hommes qui doivent faire plus qu’arrondir leurs fins de mois de ce business, je n’ai ni marchandé, ni protesté contre l’état de l’emballage. En la relatant, j’ai l’impression de raconter une histoire un peu glauque, mais sur le moment, c’était plutôt cocasse. Ils devaient s’attendre à faire une grosse affaire et je ne cherchais qu’une petite boite de Cohiba siglo IV.

Je retrouve facilement mon chemin jusque vers les ruelles plus passantes du marché lorsqu’un enfant m’aborde. Non, il ne veut ni argent ni bonbon, ni même un stylo. Il a repéré mon appareil photo et veut que je l’immortalise. Sa mère (?) est à côté, elle m’autorise tout de même à lui glisser un peu de monnaie.

Trinidad

 

Trinidad

Trinidad

Trinidad

Trinidad

Trinidad

Trinidad

Trinidad

Trinidad

Trinidad