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Drôle de Macédoine

Il y a fort longtemps, étudiante, je faisais régulièrement le trajet de Genève à Sion en train. Je me souviens d’un homme âgé qui avait manqué son arrêt, plongé qu’il était dans sa lecture.

Avide de bonne littérature, je m’étais contorsionnée le plus discrètement possible pour arriver à lire le titre de cet ouvrage au pouvoir si captivant. L’usage du Monde – Nicolas Bouvier. A peine dans la capitale valaisanne, j’avais remonté l’avenue de la Gare presque jusqu’à la Planta où je savais trouver une librairie. Existe-t-elle encore ?

A mon tour je m’étais plongée dans le récit du bourlingueur et de son ami peintre.

Il ne m’en restait plus que quelques souvenirs épars et des impressions diffuses lorsque j’ai racheté l’usage du monde en vue de ce tour des Balkans.

Bien sûr, mon voyage en avion et bus climatisés n’a que peu à voir avec les pérégrinations des deux complices en Fiat usée, mais elles ont eu le mérite d’éveiller en moi l’envie de sentir l’odeur du melon que Bouvier décrivait si bien.

En parlant d’odeur, j’ai pu découvrir celle de la terre qui s’humidifie sous l’averse à Sofia, et aussi celle qui suit l’ondée à Skopje, premier arrêt après la capitale bulgare. Pour la première fois, j’expérimente les trajets en bus de ligne. 30 euros entre les deux capitales. Mon voyage en train depuis Fribourg pour aller à Zurich prendre l’avion me coûte plus cher.

Je craignais des températures caniculaires pour ce séjour mais pour l’instant, j’ai plutôt tendance à regretter mon parapluie ou un feu de cheminée. Ma tentative de voyager avec le strict nécessaire est punie ! Pas de parapluie, pas de sweater, pas de capuchon….pas de bras, pas de chocolat. Mais nous sommes en été et l’odeur du melon flotte discrètement.

Skopje

Skopje. Il n’y a peut-être qu’à la Havane où le sordide côtoie le sublime de si près. Et encore… sublime…. je ne sais pas si c’est le mot. La Place de Macédoine est neuve, bordée de statues et baignée de jeux de lumières dont on ne peut qu’apprécier le kitch. Faut-il vraiment se constituer une statuaire artificielle pour raviver la flamme nationale ? J’ai cru comprendre que beaucoup de macédoniens se plaignent des centaines de millions d’euros dépensés dans si peu de mètres carrés alors qu’ailleurs dans la capitale ou dans le pays, on aurait bien besoin d’un coup de main pour créer ou rénover des infrastructure.

Mais qui suis-je pour leur dire comment dépenser leur argent ? Not my circus, not my monkeys.

 

Skopje

Alors qu’en 10 minutes, montre en main, et à pied, on passe du centre ville à une sorte de banlieue grise et recouverte de graffitis, le sentiment d’insécurité ne croît pas. Aucun souci à regagner mon hôtel, seule, alors que la nuit est tombée depuis bien longtemps.

La vie – enfin, la nourriture – y est extrêmement bon marché pour un portefeuille helvète. Les taxis tenteront peut-être d’arrondir leurs fins de mois sur votre dos en oubliant de démarrer le compteur, mais si vous leur demandez de le mettre « meter meter please» et exigez une quittance « ticket, ticket please », vous vous en tirerez à peu de frais.

 

Skopje

Le Wifi gratuit était proposé dans tous les établissements publics où je me suis arrêtée.

Faut-il aller à Skopje ? Absolument, pourquoi pas ? Dégustez une bière artisanale en descendant de la forteresse à la « Old Town Brewery » et écouter battre le coeur de la cité sur la place de la Macédoine, de jour comme de nuit.

 

Skopje