Archives par mot-clé : Voyage

Cuba. Y aller ?

Trinidad

La Havane

Que dire de Cuba ?

Admirer la résilience de ce pays qui, malgré la chute de tous les régimes amis et l’embargo qui l’étrangle depuis si longtemps arrive à maintenir un si haut taux d’alphabétisation et un excellent système de santé.

Déplorer que ce système qui produit de si bons médecins ou intellectuels n’arrive pas à leur offrir un salaire décent ?

Admirer le système D qui permet aux Cubains d’avoir accès aux informations venant du reste du monde.

Déplorer que ça ne serve bien souvent qu’à regarder du sport ou des séries américaines à faible valeur ajoutée. (Je suis bien consciente que les Cubains ne sont pas les seuls dans ce cas).

Apprécier la récente ouverture au monde et la liberté de parole que je n’aurais pas espérée dans un régime totalitaire.

Déplorer que la démocratie soit si peu développée.

Adorer leur agriculture bio.

Craindre que ça ne dure pas.

Adorer le rhum et la musique

Déplorer que le rhum et la musique ne voyagent pas si bien.

Vouloir y retourner un jour.

Hasta la victoria siempre !

18 et 19 avril 2017 – Pékin.

Le Go est lent

Qui aurait pu imaginer il y a quelques années encore que Pékin serait un symbole de liberté ? N’importe quel pays est un symbole de liberté après une semaine à Pyongyang. Mais encore faut-il pouvoir sortir de l’aéroport.

Les visiteurs en transit peuvent bénéficier d’une entrée en Chine sans visa, pour autant qu’on ne reste que 72 heures au maximum et qu’on ne quitte pas la région de Pékin. Sur le papier, ça semble être une bonne idée. Dans la pratique, tant à l’aller vers Pyongyang qu’au retour, ça a prolongé de plusieurs heures le passage de la frontière avec des vérifications sans fin. Mon voyage comprenait tous les transferts de et à l’aéroport par chauffeur privé (à chaque fois le même) et il m’a dit qu’il avait l’habitude d’attendre dans de tels cas. Si vous êtes pressés et pas à quelques dollars près, peut-être devriez vous prendre un visa plutôt que de compter sur cette exception.

Le Go est lent

Je ne vais pas m’attarder sur mes impressions de Pékin. Si j’imagine que je n’ai fait qu’effleurer la vérité de la Corée du Nord en une semaine, que dire de la Chine en trois jours ? Trois jours pour voir Tien An Men, le Temple du Ciel, la Cité Interdite, quelques Hutongs. Hélas, le Mausolée de Mao était fermé pour cause de rénovations. Sinon, j’aurais volontiers continué ma collections de dictateurs allongés ! Sentiment d’une ville grouillante de vie, avec également ses inconvénients (la pollution de l’air est terrible). Quelques choses m’ont surprises : la rudesse des contacts humain. A l’Hôtel, au petit déjeuner, on ne vous dit pas « Good Morning Madam, may I have your room number please ? » C’est « Room Number » tout court ! A la fin des formalités à la réception, ce n’est pas « Thank you, have a good day », c’est « Finish ! ». Pour entrer dans les lieux touristiques, on passe aux fouilles et vérifications d’identité. On m’a dit que les policiers redoutaient principalement des suicides de Tibétains sur la place Tien An Men ou des attentats du Falun Gong. Et sinon, moi qui me plains volontiers de l’universalisation des villes qui finissent par se ressembler, je dois admettre avoir été contente de voir un Starbucks et avoir cédé à l’envie de m’offrir un café et un wifi.

Place Tien An Men

Place Tien An Men

Cité Interdite

Temple du Ciel

Voila pour ce voyage.

Près d’un mois après mon retour, la Corée du Nord continue à m’habiter. Parce que j’écris ces souvenirs, parce que je lis ou relis des ouvrages qui en parlent, parce que le choc culturel est réel, parce que je pense à M. Sin et à Mademoiselle Ri avec une certaine tendresse, parce que je n’ai pas envie de voir la guerre déchirer cette terre une fois encore.

Que devriez-vous lire si vous vous intéressez à ce pays ?

  • Tout d’abord l’extraordinaire récit de voyage de feu Yangguizi (https://voyageforum.com/d…/coree-du-nord-coree-nord-d144695/)
  • La Corée du Nord en 100 questions de Juliette Morillot et Dorian Malovic. Disponible également en ebook. Pas mal d’idées reçues démontées. Livre récent.
  • Corée du Nord d’Antoine Bondaz et Benjamin Decoin. Particulièrement remarquable par ses belles photographies. Il s’agit également d’un ouvrage récent.
  • Vies ordinaires en Corée du Nord de Barbara Demick – en cours de lecture
  • Petit Futé – Corée du Sud et Corée du Nord. – Quasiment inutile si vous n’allez qu’au Nord.
  • Pyongyang de Guy Delisle – Bande Dessinée qui relate les quelques mois que l’auteur a passés à Pyongyang. Plongée dans l’ambiance. Précieux.
  • Nouilles Froides à Pyongyang de Jean-Luc Coatalem – L’avantage c’est qu’il existe en poche, donc pas cher. L’inconvénient, c’est que ce n’est « qu’un » récit de voyage. Dispensable.
  • Les Aquariums de Pyongyang de Chol-Hwan, Kang. L’auteur a été enfermé, enfant, dans un camp de travail nord coréen. Une dizaine d’années plus tard, il en est libéré. Il fuit le pays, passe en Chine puis en Corée du Sud où il écrit ses souvenirs. Glaçant.
  • Au Pays du Grand Mensonge de Philippe Grangereau. Edit du 28 mai 2017 : livre tout à fait recommandable. Un journaliste français relate son voyage en Corée du Nord au début des années 2000. Le livre tient du récit mais est également émaillé d’informations historiques et géopolitiques. Curieusement, au moment où il mentionne les successeurs possibles de Kim-Jong-Il, le nom de Kim-Jong-Un n’apparaît pas, même pas dans les enfants du Général.

Bien sûr, ne prenez en aucun cas ces livres avec vous en voyage là-bas. J’avais fait une exception pour la partie Nord du Petit Futé et La Corée du Nord en 100 questions, en version pdf sur mon iPad. Les livres papier sont scrutés à l’arrivée et j’imagine que ceux que je viens de mentionner n’ont aucune chance de passer la censure et pourraient valoir des ennuis à leurs détenteurs.

Place Tien An Men

Faut-il aller en Corée du Nord ?

Oui, si vous voulez partir hors du temps. Non, si vous ne supportez pas les guides et que vous tenez à votre liberté de déplacement. Oui si vous supportez de vivre quelques jours sans internet. Non si vous palissez à l’idée de devoir vous incliner devant la statue de Kim-Il-Sung.

Si vous avez des questions, j’y répondrai volontiers dans la mesure de mes moyens, sachant que je ne suis qu’une touriste, en aucun cas une spécialiste de quoi que ce soit. Mes écrits n’engagent que moi, et encore !

 

Temple du Ciel

Mes prochains voyages ?

  • Juin 2017 : deux petits jours dans le Bade-Wurtemberg
  • Juillet 2017 : Tour de l’Europe du Sud-Est : (Bulgarie, Albanie, Croatie, Montenegro, Macédoine, Kosovo)
  • Août 2017 : Islande et Groenland
  • Octobre 2017 – en projet – Kazakhstan
  • Printemps 2018 – en projet – Trio de pays baltes.
  • Eté 2018 – en projet – Inde et Bhoutan
  • Eté 2018 – en projet – Amérique centrale
  • 2019 : Il faudra bien que je passe l’équateur une fois dans ma vie, non ?

Je n’ai pas l’habitude d’écrire de telles chroniques, c’est, à vrai dire, la première fois. Peut-être pas la dernière. Je n’avais prévu que de prendre quelques images et de les décrire brièvement, puis je me suis prise au jeu. Il serait dommage de laisser s’effacer les souvenirs d’un voyage si extraordinaire sans les fixer d’une manière ou d’une autre, non ?

Ces chroniques de Corée du Nord sont d’abord parues sur la page Facebook Schneider&Co World Tour

 

Jour 6 – Samedi 15 avril 2017 – Juche 106 – Pyongyang

Le 15 avril est un jour de grande fête. C’est la date anniversaire de Kim-Il-Sung, grand soleil. Jour, donc, du soleil.

Nous partons en bus pour la « colline avec une très belle vue », traduction approximative de Mangyongdae où se trouve, restaurée, la maison natale de Kim Il Sung dans un charmant parc arborisé. On admire la chambre, la cuisine, les outils, la jarre déformée parce qu’ils étaient trop pauvre pour avoir une jarre normale. Bien qu’il soit encore très tôt, la file de touristes et de locaux s’allonge vite. D’après la légende, Kim a quitté sa famille à l’âge de 13 ans et a promis de ne revenir que lorsqu’il aurait bouté les Anglais hors de France, ou peut-être les Japonais hors de Corée.

Le moment où Kim-Il-Sung adolescent quitte sa famille pour conquérir le monde

Jarre déformée de Kim-Il-Sung

Tout proche se trouve l’entrée d’un parc d’attraction. Il est désespérément vide. Quand donc s’amusent-ils ? On me répond que l’heure d’ouverture n’est pas encore atteinte. Soit. Il est effectivement 9 heures du matin et quelques enfants sont devant les portes.

Parc d’attraction

Retour en ville et visite du monument de la Fondation du Parti des Travailleurs de la Corée : immense sculptures des les trois symboles de la politique du parti. Le marteau et la faucille, bien connus, auxquels s’ajoute le pinceau de l’intellectuel. C’est une des rares réalisations architecturales dues au Général Kim-Jong-Il, le fils du Président et père du Maréchal. Sa construction a été achevée en 1995. Il est situé dans l’axe des deux grandes statues où nous nous étions au jour 2 de notre voyage. Depuis là, on peut également voir, loin derrière les statues, la silhouette inimitable de l’hôtel Ryugyong.

Statues et Hotel Ryugyong

Les urbanistes s’en sont donné à coeur joie avec les perspectives. Il faut dire qu’après la guerre, tout était à reconstruire et je me suis imaginée de grands enfants jouant à un Sim City géant !

Sur cette grande esplanade, les Coréens se promènent, prennent l’air et le soleil. Ils bavardent, ils sourient. C’est jour de fête !

Jour de fête à Pyongyang

Alors que je m’étais étonnée auprès de mes guides de n’avoir croisé aucun chien ou chat dans les rues, ils m’avaient assurés que les animaux de compagnie étaient pourtant courants. Eh oui, j’ai en effet vu mon premier caniche ! Le fait qu’il soit rapidement entouré d’une nuée d’enfants voulant jouer avec lui contredit un peu cette assertion. Ça ne devait donc pas être si banal. Nous avons plaisanté sur le fait que le chien étant un plat courant, les enfants étaient sans doute en train de vouloir chasser leur déjeuner ! C’est une petite victoire que d’arriver à arracher quelques rires à mes guides.

Jeune Coréenne chassant

Tout proche de là se trouve le musée de la Culture. Nous avons le temps de visiter quelques salles (portraits, photographiques et peints des Grands Leaders et de leurs hautes oeuvres ainsi que des paysages forgeant la mythologie du pays) lorsque notre guide nous fait signe de la suivre, vite vite vite.

Monument de la fondation du parti

Monument de la fondation du parti

Dans une salle fermée du musée, un écran de télévision retransmet en direct le défilé militaire sur la place Kim-Il-Sung. Nous avons manqué le début mais assistons, par écran interposé, à cette impressionnante parade qui se déroule, grosso modo, à un kilomètre de nous. Des chars, des missiles, des soldats par millier défilent au pas de l’oie. Cette démarche semble tellement peu naturelle que j’ai pitié des soldats et crains le pire pour celui qui se louperait devant le Maréchal tant aimé. Au fond de la place, des chorégraphies forment les drapeaux du parti et du pays. C’est ce dont nous avions vu un entrainement quelque jours plus tôt, depuis le sommet de la tour du Juche.

Monument de la fondation du parti

Au bout d’une heure, nous retournons à pied au bord de la rivière où nous visitons une exposition florale. Celle-ci est principalement destinée à présenter deux espèces : la Kimilsungia et la Kimjongilia (oui, sérieusement). Beaucoup de Coréens prennent la pose devant les parterres.

Exposition florale

Pour traverser une avenue, pourtant déserte, nous empruntons un passage sous-terrain piéton. Ebahie devant sa propreté alors que je sais que celui de mon quartier est recouvert de graffitis et d’une salubrité douteuse, je le dis au jeune guide qui me répond « mais chez nous c’est interdit d’écrire sur les murs ». Chez nous aussi, Monsieur Sin. Pour ce que vaut une telle interdiction…

On prend la pose

Nos guides nous entrainent ensuite à quelques centaines de mètres le long d’une avenue. « Nous allons voir le défilé ! » Moment d’incompréhension, n’avait-il pas eu lieu quelques heures plus tôt sur la place Kim Il Sung ? Oui, mais là ils défilent pour le peuple. Nous arrivons à temps pour voir quelques chars et autres camions transportant du matériel de guerre lourd, puis arrivent les soldats.

Soldats

Soldats

Soldats

Soldats

Soldats

Soldats

Soldats

Soldats

Soldats

Soldats

Soldats

Soldats

Soldats

Soldats

Alors que le matin, ils faisaient travailler leurs jambes, l’après midi c’est leurs bras. Assis à l’arrière d’une quantité de camions, ils saluent la foule, grands sourires aux lèvres. La foule ne les applaudit pas, elle les salue en retour, du geste, de la voix. Sourires forcés ? Je vous laisse juges des images.

Je ne sais pas combien de temps a duré ce défilé de camions, je ne sais pas non plus combien il y en avait, mais ils étaient nombreux, si nombreux, ses jeunes hommes, ces jeunes femmes. Et là, soudain, j’ai repensé aux mots de Trump qui voulait régler une fois pour toute le problème Nord-Coréen. Oui, c’est ces « gamins » là qui seront les premiers à tomber si la guerre se déclenche. Je me suis retrouvée à baisser mon appareil photo et à leur rendre leur salut. Ils ont l’âge de mes enfants. Quelle chance j’ai donc de pouvoir élever les miens là où ils ne seront pas de la chair à canon. Combien étaient-ils ? Des milliers. Trop.

A un moment donné, mes deux petits camarades de voyage, trouvant qu’il était trop difficile de prendre des photos à contre jour, et ayant repéré un nid de Coréennes en habits traditionnels de l’autre côté de la route, ont profité d’une accalmie entre deux séries de camions pour traverser la route. Panique chez les guides !! Ils ont passé le reste du défilé près de moi tout en fixant les deux français de l’autre côté de l’avenue.

En retournant à notre mini-bus, le jeune guide, M. Sin, s’est arrêté dans un de ces petits kiosques qui longent les plus grands boulevards et en est revenu avec des glaces pour chacun. Ça ne valait bien sûr pas une Mövenpick (on est Suisse ou on ne l’est pas), mais c’était ma foi tout à fait acceptable, et très apprécié en ce jour printanier.

Fin de journée au cirque de Pyongyang. Mes souvenirs de cirque datent des représentations scolaires du Knie lorsque j’étais enfant. Pour moi, c’était surtout les animaux et les clowns sous un chapiteau mobile. Autant dire que j’ai été dépaysée. Notre guide nous avait dégoté des places au premier rang. Voilà que mon voisin me dit « s’il y a des clowns et qu’ils font intervenir le public, ça sera pour nous ». Le spectacle s’ouvre par une petite cérémonie à la gloire de Kim-Il-Sung. Est-ce habituel ou à l’occasion du 15 avril ? Puis, un tour après l’autre, nous avons droit à ce qui se fait de mieux en matière d’acrobatie, de gymnastique, de trapèze, entrecoupé par un tour de « clowns » au cours duquel, je vous le donne en mille, je me suis retrouvée à faire tourner une assiette sur une baguette ! Merci pour la participation du public !! En parlant de public, je dirais qu’il était composé à 3/4 de Coréens pour 1/4 de touristes. J’avoue volontiers mon ignorance en matière de spectacle de cirque, mais je veux bien croire que celui-ci était de toute grande qualité. On nous a déconseillé de prendre des images afin de ne pas perturber les numéros, j’en ai volé quelques unes à l’aide de mon téléphone, mais la qualité est loin d’être au rendez-vous. Sinon, j’ai bien sûr eu droit à une étude comparée du Cirque de Pyongyang et du cirque d’Hiver à Paris.

Nous mangeons le soir à l’hôtel Koryo, l’autre grand hôtel international de Pyongyang, situé, lui, au milieu de la ville. Mademoiselle Ri, la guide, me demande pourquoi je voulais visiter la Corée du Nord et je lui parle de Syracuse. la chanson de Salvador (également une belle version par Montand). J’aime tellement ce moment qui dit « Voir le Pays du Matin Calme…. » que ça a été le départ de cette idée. Elle me fait promettre de lui écrire les paroles. Le soir, à l’Hôtel, je m’exécute. J’ai failli lui suggérer de regarder sur Google.

Avant de rentrer, nous nous arrêtons au bord du fleuve pour les feux d’artifices (évidemment moins impressionnants que ceux du 14 juillet). Est-ce vraiment partout dans le monde, la fin obligée d’une fête nationale ? Ils sont beaux, tirés depuis un pont sur lequel défilaient les soldats plus tôt dans la journée. Mais, encore dans mes pensées sinistres de l’après-midi, je ne peux m’empêcher de me représenter, derrière le bruit des fusées, celui des missiles et des canons.

Au bureau de poste et télécommunication de l’hôtel, il y a deux appareils et quelques personnes font la queue. Privée de contact avec ma famille depuis 5 jours, je décide de les appeler. Tout va bien, à vue de nez le jeune Maréchal n’a pas fait d’essai nucléaire ou de tir de missile. Les chatons grandissent, le temps est maussade et on s’apprête à cacher les oeufs dans le jardin.

Cirque de Pyongyang

Le soir, sur Al Jazeera, j’apprends que les gros tubes verts vus le matin à la télévision inquiètent la communauté internationale. Il s’agirait de missiles jusqu’ici inconnus et qui pourraient s’avérer intercontinentaux.

Cirque de Pyongyang

Air China a par ailleurs annoncé qu’elle annulait ses vols sur Pyongyang – Est-ce pour plaire aux Etatsuniens ? Je vole sur Air Koryo car on a le sens de l’aventure ou on ne l’a pas 🙂 Mais je compte sur mes doigts…. Dimanche, Lundi, Mardi fin du séjour.

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

Feux du 15 avril

(à suivre)

 

Associated Press à l’Hotel Yanggakdo

Jour 3 – 12 avril 2017 – Pyongyang – Kaesong

Réveil au doux son de hauts parleurs diffusant, loin dans la ville, de la musique militaire.

Après un petit-déjeuner à l’hotel Yangakkdo, nous partons pour ce qui est normalement la première étape de tout séjour en Corée du Nord : la colline de Mansudae et ses grand Leaders. À l’origine il n’y avait que la statue de Kim-Il-Sung. Celle de Kim-Jung-Il a été rajoutée. Avant de pouvoir prendre des photos, le groupe doit montrer son respect en apportant un bouquet de fleurs et en s’inclinant bien bas. Ensuite seulement, nous pouvons dégainer les caméras. Les guides veillent à ce que nous cadrions bien les respectés dirigeants en entier et de face. En repartant, nous croisons un groupe de soldats puis d’enfants venus à leur tour s’incliner devant les statues.

Enfants en route vers les statues des Grands Leaders

Kim-Il-Sung et Kim-Jong-Il

Visite au pas de charge du Musée de la Révolution. Une guide locale débite ses explications traduites au vol par notre guide attitrée. Aucune image n’est permise à l’intérieur. Nous sommes les seuls présents, comme si le Musée n’avait été ouvert que pour nous. Il en va de même pour le Musée de la philatélie dont les timbres proclament la gloire du pays, de son régime, de ses leaders, ainsi que, dans une moindre mesure, la beauté de la faune et de la flore locales.

Tour du Juche

Départ pour la Tour du Juche que nous avions pu admirer de loin la veille. A la base, moult plaques sont offertes par des admirateurs du monde entier. Nous payons 5 euros pour prendre l’ascenseur jusqu’au sommet. L’avantage de la vue depuis la tour, c’est que c’est le seul endroit de Pyongyang où on ne peut pas voir la tour du Juche.

Musée de la révolution

Le point de vue spectaculaire nous permet entre autre d’admirer l’hôtel Ryugyong qui domine le ciel de la ville, immense pyramide de 105 étages dont la construction a débuté dans les années 80 et a été interrompue à de multiples reprises faute de financement. La seule chose que nous avons pu obtenir de nos guides c’est qu’il est encore en construction. En regardant vers le bas nous apercevons comme une nappe rose, Il s’agit de figurants qui s’exercent pour la grande fête du soleil (le 15 avril). Ils forment des figures vues du ciel : le drapeau du parti ou celui de la Corée.

Depuis la tour du Juche

Après un repas dans un restaurant de Pyongyang où nous sommes les seuls clients, nous prenons la route en direction du sud et de la ville de Kaesong. L’autoroute commence sous l’Arche de la réunification où les statues symbolisant les deux Corées portent la silhouette du pays réunifié.

Arche de la réconciliation

L’autoroute…. ça a la largeur d’une autoroute, la longueur d’une autoroute, mais ça manque singulièrement de pistes. Ce qui permet au chauffeur de zigzaguer pour éviter les nids de poule. En effet, la chaussée est défoncée, ce qui rend très compliqué les prises de vues,… et la sieste. A plusieurs reprises, nous sommes arrêtés pour des contrôles. C’est la route qui mène au Sud, à l’autre Corée. En chemin, nous dépassons des vélos, même des piétons. A part quelques autres minibus de touristes ou véhicules militaires, il n’y a pas de circulation.

Le paysage est lunaire, le sol semble très sec même s’il est partout cultivé. Nous voyons des paysans dans les champs, quelques boeufs, un tracteur par ci par là, mais surtout des dos courbés vers le sol.

A l’arrivée à Kaesong, visite de la tombe du roi Kongmin et de la princesse Noguk (1365). Le jeune guide me dit (mais c’est un secret) qu’entre les deux tombeaux, il y a un trou qui permet aux défunts de communiquer l’un avec l’autre dans l’au-delà.

Gardien du tombeau de Kongmin

Tombeau du roi Kongming

Le soir, nous dormons dans un hôtel « folklorique » à Kaesong. Nous profitons d’une démonstration de fabrication de galettes de riz, puis d’un repas et d’une nuit à même le sol, ce qui a permis à mes compagnons de voyage de demander chaque soir à nos guides, pendant la suite du voyage, si nous allions *encore* devoir manger et dormir par terre. Précisions à toutes fins utiles que le repas était, comme chaque fois, absolument délicieux et que la nuit fut confortable. En revanche nous avons droit à un minuscule échantillon de ce que les Coréens du Nord doivent affronter au quotidien : plusieurs coupures de courant pendant la soirée et la nuit ainsi qu’un rationnement d’eau chaude. La vie semble plus compliquée une fois qu’on s’éloigne de la capitale.

Fabrication de galettes de riz

Repas à l’hôtel folklorique

Demain : visite de la zone militarisée.

(à suivre)

Le début du voyage

Jour 1 – 10 Avril 2017 – Zurich – Pékin

La journée à Pékin a principalement été consacrée m’adapter à la pollution incroyable de Pékin et à récupérer le visa pour la Corée du Nord.

Jour 2 – 11 Avril – Pékin – Pyongyang

Vol assuré par la compagnie Air Koryo (du nom du royaume de Koryo qui donne son nom à la Corée actuelle), seule compagnie au monde à n’avoir droit qu’à une étoile auprès du site d’évaluation Skytrax. Sachant cela, je m’attendais au pire et ai donc été plutôt déçue en bien. Vol sans encombre à bord d’un Tupolev. Décollage avec deux heures de retard dues à des travaux sur une piste à Pékin.

Arrivée à Pyongyang, passage d’un contrôle de santé – principalement un document à remplir certifiant que nous n’avons pas été dans un pays où sévit la fièvre ébola. Passage de la douane proprement dite, puis contrôle des bagages – vérification des téléphones portables et documents imprimés importés. Ils semble que les Nord-Coréens craignent particulièrement qu’on introduise de la propagande !

Les guides étaient là pour nous assister au contrôle des bagages et ne nous ont plus quittés de la semaine. Je fais également connaissance de mes deux compagnons de voyage, deux septuagénaires français qui passent leur retraite à parcourir le globe et à vanter les beautés de leur pays comparativement à ceux qu’ils visitent.

Nous serons donc 6 : 2 guides, un chauffeur, et trois voyageurs, inséparables, pour 8 jours.

Comme le jour est déjà bien avancé, nous nous rendons à la librairie internationale de Pyongyang où on trouve, dans de nombreuses langues, les oeuvres complètes de Kim-Il-Sung, de Kim-Jung-Il, des drapeaux, des pins, des cartes postales. J’y déniche un recueil de contes locaux. Puis, arrêt rapide sur la place Kim-Il-Sung où ont lieu les plus grandes fêtes et défilés du pays. Au sol, on nous fait remarquer les points sur le goudron, qui servent de point de repères aux figurants des célébrations.

 

Place Kim-Il-Sung – Pyongyang

 

Bref arrêt au bord de la rivière Taedong. Au loin, la tour du Juche – idéologie développée par Kim-Il-Sung – qui régit la vie de tout Nord-Coréen.

Repas dans un restaurant local, visiblement réservé aux touristes et à leurs guides – comme tous ceux que nous visiterons dans le courant de la semaine. Délicieux et copieux. Trajet jusqu’à l’Hotel Yanggakdo – réservé aux touristes – situé sur une ile au milieu de la rivière. C’est là que nous passeront presque toutes nos nuits.

(A suivre)