Archives quotidiennes : 15 février 2018

Jeudi 15 février – Fonds insuffisants

Les lieux de culte, du moins ceux proches de la médina, sont réservés aux croyants et les touristes tels que moi n’y sont pas les bienvenus. En revanche, la Medersa Ben Youssef   peut se visiter. C’est bien ma veine, j’y trouve porte close pour cause de travaux.

Cap au sud, direction les Tombeaux Saadiens  pendant que le jour est encore jeune et les touristes endormis. On fait la queue pour jeter un œil sur les magnifiques salles qui abritent les tombeaux. Entrée payante, mais très bon marché, l’équivalent d’un euro.

Tout proche se trouve le Palais el Badi.  L’entrée est également payante, elle coûte 10 ou 20 dirhams, mais si vous avez le malheur de tomber sur le même employé que moi, prévoyez des pièces. Il prétendait ne pas pouvoir me rendre la monnaie sur 200 dirhams. Alors j’ai attendu, laissant passer des touristes qui payaient, eux, avec des coupures plus petites, en observant l’échange. Lorsqu’il était clair qu’il ne pouvait plus refuser ma coupure, vu qu’il venait d’encaisser sous mes yeux de quoi me rendre la monnaie, il m’a enfin vendu mon billet d’entrée non sans m’avoir dit qu’il nous connaissait, nous les touristes, on n’a jamais de monnaie. C’est vrai que c’est difficile, si on ne veut jamais nous en rendre !

Bref, le Palais el Badi est un ensemble qui date du XVIeme siècle. Construit par un sultan, comme il se doit, il est en partie détruit. On se promène entre les jardins d’orangers et des bassins. Comme il n’y a pas de salles magnifiques à admirer, pensez à lever les yeux. Je ne sais pas si c’est à cause de la Saint Valentin de la veille, mais les cigognes se sont déjà mises au travail. Elles nichent par dizaines sur les remparts du Palais.

Profitez d’être dans les parages pour vous promener dans le quartier de Mellah, ancien quartier juif de la ville et, si vous ne l’avez pas encore vu, faites un saut au Palais de la Bahia, tout proche.

Comme mon séjour touche à sa fin et que je souhaite ramener quelques souvenirs, je retourne à l’Ensemble Artisanal où j’ai repéré quelques instruments de musique et autres objets que je ne nommerai pas vu que ceux que je laisse à Fribourg lisent religieusement ce blog (du moins j’espère. Interro surprise à mon retour) et que je ne veux pas leur gâcher le plaisir du déballage.

Ça veut dire un passage obligé au distributeur automatique.

  • Fonds insuffisants
  • ?? – changement de carte de crédit
  • Fonds insuffisants
  • ??? – panique à bord et nouveau changement de carte. Oui, j’ai plusieurs cartes de crédit. Bon, je suis Suisse, hein ?
  • Fonds insuffisants.

Et là, une idée, si c’était lui, et non pas moi, qui avait des fonds insuffisants. Je change d’automate et tout se passe à merveille. Ouf. Ma virée shopping est sauve.

Dernier soir à Marrakech, je me poste sur la terrasse du Riad pour profiter du coucher de soleil, mais c’est bien ma veine, le ciel est couvert pour la première fois depuis le début de mon séjour.

Il fait 20 degrés à 18h.

J’appréhende le retour.

Mercredi 14 février 2018 – Vaut mieux vivre avec des remords qu’avec des regrets

Je ne sais pas si j’aurais dû.

Il m’arrive parfois de céder à la facilité et de faire une activité franchement touristique, une à laquelle les locaux n’auraient jamais l’idée de se livrer, comme grimper sur la tour Eiffel, prendre un bus Hop-On Hop Off, ou, dans ce cas particulier, faire un tour à dos de dromadaire.

L’excursion proposée par le Riad coûte 30 euros, comprend le transfert en véhicule privé et une heure de promenade dans la Palmeraie. Les dromadaires sont attachés les uns aux autres par groupes de deux ou trois, les touristes sont vêtus comme des locaux et hop, c’est parti. Nous croisons des dizaines d’autres « caravanes » de touristes déguisés de la même manière. La Palmeraie est par endroit un vrai dépotoir, et cent mètres plus loin, vous pourriez vous croire au paradis. Même les arbres affichent deux visages. Ils semblent en piteux état, et plus loin, on en voit toute une plantation de jeunes palmiers vigoureux. On vous offrira un thé à la menthe à la fin de la promenade et vous laisserez gentiment un pourboire.

J’aimerais qu’on me rassure, qu’on me dise que les dromadaires sont bien traités, en bonne santé, que les hommes qui nous guident ne sont pas exploités, qu’ils gagnent dignement et décemment leur vie, mais je ne sais pas trop à qui poser la question. Pas au Riad qui me vend l’excursion, pas au chauffeur qui me conduit, pas au guide qui nous escorte.

Faut-il faire cette excursion ? Allez, je dirais que si vous voyagez en famille, ça peut être sympa à faire avec des enfants. En revanche, en solo, c’est tout à fait dispensable.

J’ai poursuivi ma tournée des parcs par Le Jardin Secret. Deux jardins, l’un garni de plantes du monde entier, l’autre d’une végétation locale. Des vasques, points d’eau, dont le système est expliqué, irriguent ce coin de paix en plein milieu de la médina. Si l’affluence n’est pas trop importante, c’est l’endroit parfait pour se reposer, respirer, et même boire ou manger quelque chose. L’entrée coûte 50 dirhams (5 euros, à la louche), plus 30 si vous souhaitez visiter la tour. Si j’habitais Marrakech, je m’offrirais sans doute un abonnement annuel (est-ce que ça existe seulement ?) pour cet endroit tant il comble les aspirations au luxe, au calme et à la volupté.

En revenant vers le Riad (l’heure de la sieste !), je me laisse happer par une porte. Elle donne sur une cour intérieure avenante où des tortues se livrent à une course effrénée. Ce n’est pas tout, on y sert visiblement à boire et à manger dans un fort joli cadre. Le service est lent, tant mieux, je ne suis pas pressée, et le Berber Burger délicieux. C’est un Riad dont je ne connais pas le nom… ça vous fait une belle jambe ! Si vous le cherchez, vous le trouverez à côté du café Dar Cherifa.

Le soir, je retourne sur LA place pour profiter de son agitation nocturne, musicien, vendeurs de tout et n’importe quoi. L’ambiance est belle, festive, mais j’ai de la peine avec les sollicitations constantes. Au traditionnel « where are you from ? » je commence à inventer des réponses de plus en plus fantaisistes. Mais je me lasse vite de ce jeu.

Repas sur le pouce au Fnaque Berbère.