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Les moutons islandais vont toujours par trois.

 

 

11 août 2017

Mes amis, j’ai passé une bien curieuse journée. La nuit dernière, peinant à trouver le sommeil, je zonais sur Facebook et suis tombée sur l’article suivant :

http://tcrouzet.com/2017/07/25/20-raisons-de-ne-pas-voyager-en-islande/

Je l’ai lu et au premier abord ai rejeté en bloc cet écrivain qui crachait sur mon magnifique voyage. Et j’ai relu. Toujours aussi perplexe, remettant en questions mes certitudes. Peut-être est-ce moi, l’idiote du voyage. Décidément, l’Islande que M. Crouzet a visitée en juillet n’est pas la même que celle que je parcours en août. Au jeu des 7 erreurs j’en compte 777, au bas mot.

 

Alors je suis allée lire son journal de juillet.

Et j’ai compris que nous n’avons effectivement pas visité le même pays. Il ne faut pas s’étonner de ne pas trouver la nature sauvage si on se contente de Reykjavik et des endroits les plus touristiques. Quand on a pris la peine de louer un 4×4, il est franchement dommage de s’arrêter à la route 1.

Allez. Point par point.

  1. Si tout le monde dit que l’Islande c’est merveilleux, c’est peut-être que l’Islande est merveilleuse. Non ? Okham, son rasoir, etc.
  2. La haute densité des touristes me fait bien rire. Moi qui ai roulé des dizaines de kilomètres sans voir âme qui vive.
  3. Et ? Heureusement, tous les touristes ne suivent pas les mêmes chemins. « Mais les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux. »
  4. En dehors de quelques hôtels, j’ai dormi dans quatre guesthouses. Aucune ne m’a donné l’impression de servir de dortoir à touriste. Elles étaient souvent décorées avec charme et goût. L’accueil était sympathique et chaleureux. Allez savoir, peut-être est-ce mon charme personnel qui m’attire la sympathie ? Mais je m’en voudrais de généraliser à ce point. Il me reste encore une guesthouse à visiter. Fera-t-elle pencher la balance ?
  5. En effet, j’ai croisé plusieurs non Islandais dans le service. Mais non, ils ne m’ont pas paru faire preuve de mauvaise volonté ni ne se sont empressés de me réserver un accueil déplorable, au contraire. Mon charme ici encore a dû fonctionner à plein régime.
  6. Ah oui, l’Islande est au Nord. C’est un scoop. Et nous qui nous moquons volontiers du manque de connaissances géographiques des Etatsuniens…
  7. L’Islande n’est pas un pays sauvage ? J’ai failli recracher mon Skyr en lisant ça. Et puis je me suis souvenue. En effet, Reykjavik peut difficilement passer pour le cratère d’un volcan. Je vais me répéter, mais il faut sortir de la route principale qui fait le tour de l’ile. Tiens… c’est comme si quelqu’un visite Zurich puis Bâle puis Genève et vient dire que décidément non, la Suisse n’est pas un pays de montagne, d’ailleurs on n’y skie pas.
  8. Les parkings remplis de bus autour des geysers ou cascades ? Eh oui, ça existe à Gudafoss, à Geysir. Mais je ne sais combien de cascades j’ai pu contempler sans aucun touriste aux alentours. Ici encore, il faut savoir sortir de sa zone de confort et des sentiers battus. Non, je ne conseille pas de rouler hors des pistes, c’est d’ailleurs formellement interdit, mais simplement de ne pas suivre uniquement les routes goudronnées.
  9. Oui, l’Islande c’est cher. Oui, c’est une île isolée. Oui, le climat est rude et il faut donc importer bien des produits. Oui, il y a l’offre et il y a la demande. Mais franchement, va-t-on en Islande pour faire des vacances bon marché ? Il me semble qu’aujourd’hui, il y a des outils comme Google (ou même mieux, Qwant) qui servent à se renseigner. Ou même, à l’ancienne, le Petit Futé ou Lonely Planet donnent des indications fiables sur le coût de la vie. Venir s’en plaindre à posteriori démontre une bien médiocre préparation.
  10. Oui, beaucoup de routes ne sont pas goudronnées. ET C’EST VOLONTAIRE. Même remarque que plus haut. C’est difficilement un scoop. Cinq minutes de recherches l’apprennent à qui veut bien se renseigner.
  11. Il arrive que, dans un refuge de montagne où on se donne beaucoup de mal pour préserver l’environnement et offrir un accueil au voyageur de passage, on se permette de demander une contribution pour l’usage des infrastructures. Il arrive aussi que dans certains rares restaurants on demande également une contribution aux personnes qui souhaitent utiliser les sanitaires sans consommer quoi que ce soit. Ça ne me choque pas. Notons qu’il s’agit souvent d’un bocal posé là avec le tarif indiqué, et que jamais je n’ai vu qui que ce soit contrôler que je déposais bien la somme demandée.
  12. Si on n’aime pas les grottes balsamiques ou les bateaux remplis de touristes, On n’est en aucun cas obligé de s’embarquer dans l’un ou de pénétrer dans l’autre. Contrairement à la Corée du Nord où on vous dit « visitons tel musée » ou « allons voir ce temple », les excursions touristiques en Islande ne sont pas obligatoires. Et partout où je suis allée, les prix étaient clairement indiqués.
  13. Très peu de chemins de randonnée ? Mais où donc vont les milliers de randonneurs qui randonnent en Islande ? J’en ai vu beaucoup à Hrauneyjar, à Landmannalaugar, à Kerlingarfjöll, à Hveravellir.
  14. Conditions climatiques difficiles ? Eh oui. Un petit coup d’oeil à la carte du monde montre que l’Islande est très au Nord. Monotonie du paysage ? Nous n’avons pas vu le même.
  15. Hors de Reykjavik on ne trouve personne. Il faudrait savoir ? Ce qu’on reproche à l’Islande, c’est qu’elle soit bondée ou déserte au juste ?
  16. Tant mieux ! Ça permettra de faire venir les gens qui manquent au point 15 !
  17. Pour les conditions de voyage déplorables, ici à nouveau je n’ai pas vécu la même expérience. Il faudra que je fasse un check up pour vérifier d’où me vient ce petit supplément de charme.
  18. Alors là, je ne suis pas Madame Irma, et je ne peux pas prédire ce que feront les tour opérateurs. Pour l’instant, j’ai plus croisés de voyageurs individuels que de clients de grands groupes. Est-ce que ça va durer ? No lo se.
  19. Oui, l’Islande c’est cher. Non, on ne dort pas dans des conditions infâmes (en tout cas pas moi…. la chance et le charme !). Oui, la Grèce est moins chère et il y fait une température plus clémente. Alors pourquoi diable s’obstiner à vouloir aller en Islande. Vous seriez-vous trompé d’avion ?
  20. CF 19. Pourquoi aller en Islande ? Erreur de Google qui, lorsque vous avez tapé Reykjavik vous a redirigé sur la page de Phoenix ?

Ma grande perplexitude à la lecture des 20 points m’a accompagnée lors de cette journée de route (avec deux arrêts promenade, les deux pour aller voir une chute d’eau hors des grands circuits touristiques, en l’absence de cars de tour opérateurs).

À chaque découverte de nouveau paysage, j’avais le « oh que c’est beau » facile, accompagné in petto par un « oh que c’est cher » ironique.

Mais alors ? Est-ce que M. Crouzet ment ? Absolument pas. D’ailleurs je conseille vivement à tous ceux qui souhaitent partir en Islande de lire son journal de juillet 2017 et ses « 20 raisons ». Je pense que lui et moi n’avons pas les mêmes attentes face à un voyage et qu’il ferait mieux de viser des destinations plus clémentes au niveau tarif, température et implantation de Starbucks.

Il est vrai, qu’il est dommage pour n’importe qui dépenser de l’argent durement gagné dans une destination qui ne nous convient pas.

Donc oui, lisez-le et examinez vos attentes avant de vous précipiter chez votre agent de voyage.

Tout ceci me mêne à Kirkjubaejarklaustur pour deux jours.

Et le moutons islandais me demandez vous ? Ah oui, et bien ils vont toujours par trois.