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Samedi 21 juillet 2018 – Double ration !

Transfert sans douleur jusqu’à l’aéroport de Kiev. Deux heures à tuer, un restaurant-cafétéria dont la carte m’allèche.

Je m’attable, commande un plat de spaghettis (champis-poulet) et une eau minérale. Un peu d’attente, le repas est bon, sans plus. L’endroit est très fréquenté et le serveur débordé.

Il débarrasse, je me décide pour un café. J’appelle le serveur. Il me fait signe qu’il arrive tout de suite. Il réapparait cinq minutes plus tard…. avec une assiette de spaghettis (champis-poulet).

Stupeur, incompréhension. Il parle mal l’anglais et moi pas du tout l’Ukrainien. Il appelle son collègue qui comprends plutôt bien l’anglais, mais visiblement ne saisit pas mon problème. Pour lui, pour eux, j’attendais toujours mon plat et mon refus de le manger est incompréhensible. Peut-être qu’ils se souviendront encore de cette touriste qui refusait obstinément le plat apporté et qui pourtant n’a pas bronché au moment de payer la note.

Il y a quelques années, j’aurais sans doute profité de l’erreur et avalé une deuxième ration 🙂

Aujourd’hui, je n’ai guère que l’énergie de raconter cette anecdote qui me fera sans doute sourire en la relisant.

 

Jeudi 19 juillet – Kiev

La place de l’indépendance à Kiev était en sang il y a moins de quatre ans, mais c’est à peine si on s’en aperçoit aujourd’hui. S’il n’y avait les fleurs jetées ci et là devant des portraits, on ne se douterait de rien.

 

 

 

 

 

 

L’Hôtel Ukraine où je loge domine la place et on dit que c’est depuis les étages supérieurs que les snipers tiraient sur la foule. On dit aussi que le lobby de l’Hôtel a servi de station de premiers soins pour les blessés.

 

 

Entre les on-dit, que croire ?

 

 

Belles églises restaurées, reliques du soviétisme, drapeaux européens et ukrainiens souvent côte à côte sur les bâtiments officiels. Ils témoignent, me semble-t-il, plus de la volonté de s’éloigner de Moscou que de celle de se rapprocher de Bruxelles.

 

 

 

Mercredi 18 juillet – Odessa puis train de nuit

L’Hôtel est excentré, mais le coût en taxi n’est que de quelques euros pour aller au centre-ville.

 

La journée pour découvrir le centre d’Odessa, l’escalier « Potemkine » menant à la mer, les parcs, le bâtiment de l’Opéra, les églises, son ambiance mi-sophistiquée, mi-balnéaire.

 

 

 

Subir les assauts d’un orage aussi bref que ravageur, se dire qu’il doit, malgré les caprices de la météo, y faire bon vivre, du moins en été.

 

 

 

Un peu partout, des traces de Pouchkine.

 

 

 

Train de nuit pour Kiev. Wagons datant d’on ne sait quand, confort spartiate, sanitaires déprimants, mais, comme on dit « ça fait le job » et c’est tout de même reposés que nous arrivons le lendemain à Kiev.

 

 

 

 

 

Mardi 17 juillet 2018 – En route pour l’Ukraine, ça ne rigole pas.

Celui qui veut faire fortune peut ouvrir un petit café au poste frontière ukrainienne. Autant la sortie de la Transnistrie s’est déroulée sans problème, autant l’entrée en Ukraine s’est avérée compliquée. Tous les passeports ont été récoltés, les bagages soigneusement examinés, et, deux heures plus tard, tout nous a été restitué. Je ne sais pas si les douaniers ont pris tout ce temps pour photocopier les quarante pages de la quarantaine de passeports examinés, ou s’ils en ont profité pour prendre des selfies avec, toujours est-il que l’attente m’a semblée interminable là, au bord de la route, avec l’impossibilité d’aller voir ailleurs si j’y étais.

L’Ukraine est un pays en guerre et veut que ça se sache.

 

 

Arrivée en début de soirée à Odessa, le temps de voir que le centre-ville est magnifique, vivant, que la proximité de la Mer Noire lui donne un air de vacances. Les touristes sont nombreux, ils doublent la population de la ville en été.

 

L’hôtel est excentré et laisse entrevoir une architecture bien différente, emprunte de soviétisme et de gigantisme. Alors que dans certaines chaînes, on trouve des fers à repasser dans les chambres, ici, c’est dans le couloir qu’on s’occupe de notre ménage.

Dimanche et lundi – 15 et 16 juillet – I’m Back In The USSR

Je vous ai déjà parlé de la Gagaouzie. Et la Transnistrie, vous la connaissez la Transnistrie ?

Un brin de terre appartenant officiellement à la Modavie, mais qui revendique farouchement son indépendance. Le nom signifie « Au-delà du Dniestr », ce qui plait relativement peu aux locaux, puisque, de leur point de vue, ce sont les Moldaves qui sont au-delà du Dniestr. Ils préféreraint le nom de « Pridniestrovie » qui signifie « le long du Dniestr. Mais bon, déjà que la Transistrie a de la peine à se faire connaître avec son nom usuel…

Ce pays – car il a un drapeau, un hymne national, une monnaie, un territoire, une population, une capitale, un gouvernement – n’est reconnu que par l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud et le Haut-Karabagh qui ne sont, vous l’avez deviné, pas non plus officiellement reconnus.

Le pays est soutenu par le pays de Poutine qui fournit volontiers aux ressortissants transnistriens un passeport russe pour leur permettre de voyager. L’entrée se fait relativement facilement, sans visa, par la route. On vous donnera un feuillet qui détermine la durée de votre séjour.

Ne la dépassez pas. Vous devrez le présenter à la sortie, que celle-ci se fasse par la Moldavie ou par l’Ukraine.

À voir : la citadelle de Bender, la ville de Tiraspol aux grands parcs arborés, avec ses monuments à la gloire des héros communistes ou son parc d’attraction. On y trouve plusieurs Lénines, mais aussi un buste de Gagarine. Je n’ai pas pu visiter la fabrique de Cognac Kvint, mais j’en ramène une bouteille. Buvez un verre de Kvas acheté dans la rue dans un petit kiosque. Vous pouvez même si le temps est clément vous baigner dans le Dniestr.

Si vous passez dans le coin, n’hésitez pas à contacter Maria et Dimitri de Go Transnistria (https://www.facebook.com/GoTransnistria/) (https://www.go-transnistria.com/) qui vous feront visiter la ville et au-delà, y compris une dégustation de vins (meilleurs que ceux de Milestii Mici, mais ne le dites pas aux Moldaves) dans un monastère aux quatre églises et au beffroi impressionnant.

 

 

 

Ils vous parleront également volontiers de la vie quotidienne et de la politique locales.

Alors oui, la nostalgie du communisme se fait sentir et les liens avec la Russie de Poutine sont bien présents, mais économiquement, la libre entreprise est encouragée et on voit multitude de petits cafés et commerces fleurir. La religion n’est plus l’opium du peuple et les monastères sont respectés.

Où manger ? à la gare routière de Bender, il ne faut pas manquer la cafétéria communiste qui fait revivre la nourriture de l’époque dans un décor ad-hoc.

Où dormir ? L’hôtel Russia, en plein centre de Tiraspol est parfait.

Si vous voulez un voyage dans le temps, mais sans l’angoisse de la guerre froide ou le danger d’un périple en Corée du Nord, pensez à la Transnistrie. En plus, vous épaterez vos amis et ça, ça n’a pas de prix.

Alors oui, pour l’instant, la Transnistrie est mon coup de cœur.

Samedi 14 juillet – Tendre l’Orhei

Partir de Chisinau le matin pour se rendre au monastère d’Orhei situé à une soixantaine de kilomètres. Je vais citer Moldovaholidays qui en parle mieux que moi.

Ce territoire a été peuplé depuis longtemps. On y a construit durant les siècles plusieurs villes, dont la première s’appelait Orhei. Son nom signifie forteresse. Plus tard, au XIVème siècle, ce territoire fut conquit par la Horde d’Or. Le nom du complexe archéologique vient du nom de la cité médiévale, « Orheiul Vechi ».

Le complexe muséologique Orheiul Vechi est représenté par un ensemble de monuments historiques et de sites naturels, formés de plusieurs promontoires. Le promontoire central d’Orheiul Vechi porte le nom de Cave. Ce nom provient des nombreuses caves creusées dans la roche. Le promontoire de Butuceni fait également partie du complexe d’Orheiul Vechi. Il forme avec le promontoire de la Cave un ensemble harmonieux de tous les points de vue. Le promontoire de Butuceni est une véritable merveille tant de point de vue géologique que du point de vue esthétique. Il est formé de nombreux rochers calcarifères, de caves spacieuses et de petites grottes. Le paysage splendide et les traces de l’ancienne civilisation sont absolument impressionants.

Orheiul Vechi est fameux pour ses monastères rupestres situés dans cette zone qui fut le lieu idéal, compte-tenu de son isolement parfait du monde extérieur, d’installation des premières institutions  monastiques de la communauté chrétienne précoce. A l’époque quand le christianisme est arrivé dans cette région, de petites et grandes grottes existaient déjà, sculptées dans la roche calcarifère par les tribus préhistoriques qui peuplaient la zone. A Orheiul Vechi il existe quelques constructions monumentales en pierre qui présentent un grand intéret pour les scientifiques et le grand public. La plus ancienne construction fortifiée d’Orheiul Vechi est Cetatea Getica. Elle est située sur le promontoire de Butuceni. La citadelle était reliée au reste du territoire par un passage étroit, qui, en cas d’attaque, pouvait être rapidement bloqué, rendant ainsi l’accès de l’ennemi impossible. C’était l’endroit idéal pour la construction d’une forteresse.

Plus de deux millions de bouteilles attendent leur heure dans les caves de Milestii Mici. Elles attendent qu’on veuille bien les acheter, ce que font volontiers les visiteurs. Ancienne mine de calcaire dont les pierres ont largement servi à bâtir Chisinau, ses tunnels sont recyclés en stockage de vin.

Dégustation de rouge, de blanc, de vin de dessert (plutôt bon celui-là), le peu de choix qui nous est offert est un peu décevant. En revanche, on ne peut qu’être impressionné par le cadre. Kitch au dehors : les fontaines à vin.

Le magasin sur place propose des bouteilles à des prix étonnants. Quelques dizaines d’Euros pour du vin qui a quelques dizaines d’années. À ce tarif et même si je n’ai pas été emballée par le vin dégusté, j’en aurais bien ramené quelques bouteilles, mais il faut passer encore plusieurs frontières d’ici mon retour et je ne veux pas avoir à les abandonner aux douaniers Transnistriens ou Ukrainiens faute de pouvoir m’exprimer dans leur langue.

Vendredi 13 juillet 2018 – Ki-Chi-Nao

Parmi les capitales apprises pendant l’enfance, Chisinau ne figurait pas, engloutie dans la masse de l’URSS. Plus tard, il a fallu en maitriser la prononciation, tant le Chizino paraissait évident.

À l’arrivée, visite du marché fermier rempli de produits bio. Pas par conviction, mais souvent par manque de moyens financiers. Que dire sinon que leurs fraises sont excellentes. Elles ont un goût que je n’avais pas retrouvé depuis celles de mon enfance dans le jardin familial.

L’aventure consistait également, alors que je ne parle ni russe ni roumain, à faire comprendre à la marchande que je voulais bien acheter ses fraises, mais pas une barquette d’un kilo ! Nous avons fini par nous entendre et j’en ai englouti 500 grammes pour mon déjeuner dans le parc. Deux enfants faisaient la manche, pas pour de l’argent, mais pour de la nourriture. Ils sont repartis avec mes bananes et mes noix. Je n’aurais de toute façon pas réussi à les manger. Balade l’après-midi dans la ville et ses nombreux parcs et nuit dans le très soviétique hôtel Chisinau, son ascenseur bruyant et cahotant, sa tuyauterie peu efficace, mais son excellent wifi !

Jeudi 12 juillet – le retour de la malédiction de l’Eurovision.

La Gagaouzie, vous connaissez ?

On me dit que la Moldavie est le pays le moins visité en Europe, et que dans ce pays, le coins le moins visité est Comrat, chef-lieu de la Gagaouzie, région autonome. Bien sûr c’est ma destination du jour !

Mais avant, il faut quitter la Roumanie, passer la frontière, hériter d’un nouveau tampon pour le passeport et s’arrêter pour un repas à la Pensiiunea La Gura Cuptorului. Frugal s’il en est.

À la fin du repas, nous sommes bercés par des chants typiques dont l’une des interprètes a eu son heure de gloire en 2007 lorsqu’elle est apparue aux côtés du groupe représentant la Moldavie au concours Eurovsion. Vidéo ici !

Arrivée à Comrat le soir, sa rue Lénine, sa splendide petite église jaune, son parc central, un air de petite ville où il fait sûrement bon vivre. Arrêt sur le chemin de Chisinau la capitale.

 

 

Mercredi 11 juillet 2018 – Ornitology

Le Danube, je l’ai d’abord rencontré sur les bancs d’école, lorsqu’on apprenait l’hydrologie de la Suisse. Non, nous n’alimentions pas seulement le Rhône et le Rhin, mais également le Danube et le Pô.

Puis, je devais avoir quinze ans, lors d’un séjour linguistique dans la banlieue de Vienne, j’ai même pu m’y baigner et m’initier à la planche à voile.

Mais ces connaissances théoriques n’ont rien à voir avec les splendeurs que j’ai découvertes aujourd’hui. Pour moi, l’ornithologie évoque plus le bebop qu’autre chose et je dois avouer ma méconnaissance crasse des oiseaux, ici, dans le paradis des bêtes qui volent.

Il aurait fallu se promener avec un spécialiste… mais j’avais un spécialiste au volant du petit bateau. Cependant, il parlait un anglais hésitant et moi aussi… tout juste ai-je distingué des pélicans, cormorans, hérons cendrés et martins pêcheurs. Des millions d’oiseaux y vivent ou y passent. 300 espèces y sont recensées et se montrent volontiers aux curieux.

Bras principaux, canaux, lacs dont certains sont totalement interdits à la navigation, vous admirerez le sens de l’orientation de votre capitaine tant, vu du novice, un bras d’eau ressemble à un autre bras d’eau.

Nous croisons quelques rares barques de pêcheurs, de plus rares encore bateaux transportant des touristes dans cette zone largement protégée.

On y voit cependant quelques maisons, et même de petits villages, perdus dans les bras du Danube. C’est dans un de ceux-là que nous nous arrêtons pour un repas pantagruelesque, oui, j’ose néologiser ainsi, à base de… poissons.

Si vous aimez les oiseaux, et même si vous ne connaissez parmi eux que Charlie Parker, vous aurez sans doute du plaisir à admirer cette nature intacte.

Au retour vers Tulcea, bercée par le moteur du bateau et sirotant une bière locale, j’ai eu l’impression d’avoir vécu une journée parfaite.