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 9 – 10 août – Vilnius – Uzupis – un petit coin de paradis.

Lorsque j’entre dans ma chambre d’hôtel, il fait sombre. Comme si souvent, il faut introduire la carte dans son emplacement pour que l’électricité fonctionne. En même temps, la télé se met en marche sur une page d’accueil avec les informations principales – heures du petit déj, etc – avec un swing léger en fond sonore. Je suis à l’étage Louis Armstrong. Je me demande si on a droit à de la pop sucrée aux étages Madonna ou Gaga. C’est donc sur un air de Duke ou avec la voix de Sassy en fond sonore que j’écris ces mots.

Décoré sur le thème de la musique et situé près de la vieille ville, c’est à nouveau un choix heureux.

Vilnius a des côtés sombres. De 200’000, la population juive a fondu pendant la deuxième guerre mondiale. D’abord enfermée dans des ghettos, puis exterminée dans les forêts entourant la ville à la fin de la guerre, il ne restait que quelques milliers de Juifs en 1945. Maintenant on se promène dans des quartiers aux rues étroites, pavées, aux couleurs pastel et quelques plaques commémoratives rappellent les heures noires.

Si la plupart des synagogues ont disparu, on trouve encore de nombreuses églises qui, désacralisées pendant la période soviétique, ont pour la plupart retrouvé leur vocation première. L’Eglise catholique lituanienne est en ébullition, le Pape François doit venir en visite en septembre prochain.

Le cœur de Vilnius, dans un méandre de la rivière Vilnia, est le quartier d’Uzupis, que dis-je le quartier, c’est la République d’Uzupis. Après le démentèlement de l’URSS, cette partie de la ville est envahie par des artistes qui y trouvent de la place pour y installer leurs ateliers et y vivre, à proximité du centre et de l’académie des beaux-arts.

Comme tout pays qui se respecte, Uzupis s’est dotée d’une constitution. Celle-ci compte 41 points :

  1. L’Homme a le droit de vivre près de la petite rivière Vilnalé et la Vilnalé a le droit de couler près de l’Homme
  2. L’Homme a le droit à l’eau chaude, au chauffage durant les mois d’hiver et à un toit de tuiles
  3. L’Homme a le droit de mourir, mais ce n’est pas un devoir
  4. L’Homme a le droit de faire des erreur
  5. L’Homme a le droit d’être unique
  6. L’Homme a le droit d’aimer
  7. L’Homme a le droit de ne pas être aimé, mais pas nécessairement
  8. L’Homme a le droit de n’être ni remarquable ni célèbre
  9. L’Homme a le droit de paresser ou de ne rien faire du tout
  10. L’Homme a le droit d’aimer le chat et de le protéger
  11. L’Homme a le droit de prendre soin du chien jusqu’à ce que la mort les sépare.
  12. Le chien a le droit d’être chien
  13. Le chat a le droit de ne pas aimer son maitre mais doit le soutenir dans les moments difficiles
  14. L’Homme a le droit, parfois de ne pas savoir qu’il a des devoirs
  15. L’Homme a le droit de douter, mais ce n’est pas obligé
  16. L’Homme a le droit d’être heureux
  17. L’Homme a le droit d’être malheureux
  18. L’Homme a le droit de se taire
  19. L’Homme a le droit de croire
  20. L’Homme n’a pas le droit d’être violent
  21. L’Homme a le droit d’apprécier sa propre petitesse et sa grandeur
  22. L’Homme n’a pas le droit d’avoir des vues sur l’éternité
  23. L’Homme a le droit de comprendre
  24. L’Homme a le droit de ne rien comprendre du tout
  25. L’Homme a le droit d’être d’une nationalité différente
  26. L’Homme a le droit de fêter ou de ne pas fêter son anniversaire
  27. L’Homme devrait se souvenir de son nom
  28. L’Homme peut partager ce qu’il possède
  29. L’Homme ne peut pas partager ce qu’il ne possède pas
  30. L’Homme a le droit d’avoir des frères, des sœurs et des parents
  31. L’Homme peut être indépendant
  32. L’Homme est responsable de sa Liberté
  33. L’Homme a le droit de pleurer
  34. L’Homme a le droit d’être incompris
  35. L’Homme n’a pas le droit d’en rendre un autre coupable
  36. L’Homme a le droit d’être un individu
  37. L’Homme a le droit de n’avoir aucun droit
  38. L’Homme a le droit de ne pas avoir peur
  39. Ne conquiers pas
  40. Ne te protège pas
  41. N’abandonne jamais

 

Etonnant non ?

Tout ça fleure bon l’utopie… mais on y respire bien. En plus de tremper vos pieds dans la Vilnia et de boire un verre au bistrot qui sert de parlement, vous pourrez vous arrêter sur la place du Tibet – une des rares au monde, la pression du gouvernement chinois est passée par là, vous admirerez l’ange, symbole de la république au pied duquel coule, tous les 1eravril, jour de fête nationale, une fontaine à bière.

La guide à qui j’ai parlé (oui, j’ai cédé encore une fois à l’appel des Freetours), me confie qu’il fait vraiment bon vivre à Vilnius quelques mois par année. Dès que le temps se couvre et que la température se fait moins clémente, les visages se ferment et une drôle de morosité s’empare des Lituaniens. Le pays tend à se dépeupler, les jeunes préférant s’expatrier tant les salaires sont déprimants et ne permettent que difficilement de vivre de son travail.

Elle m’a aussi dit qu’il ne fallait pas quitter Vilnius sans avoir goût aux « Cepelinai » ou Zeppelins. Je vous laisse consulter l’article Wikipedia . Sachez seulement que si on vous vend ça comme entrée, on vous ment ! Vous ne pourrez plus rien avaler après !

Riga – 5-8 août 2018

Connaissez-vous les « freetours » ? Des visites de villes proposées par des locaux, guides professionnels ou amateurs expérimentés qui vous font partager leurs connaissances à Bakou ou même ailleurs.

Dans la capitale lettone, j’ai choisi un tour de la vieille ville et un autre qui s’éloigne un peu du « Disneyland » local, le Riga Free Tour. J’aime bien ce principe du tour qui fonctionne au pourboire, même si c’est un peu arbitraire. Dans un des tours, nous étions bien une quarantaine de personnes et la plupart ont laissé entre 5 et 10 euros au guide qui, en deux heures, a dû gagner plus que le salaire minimum mensuel d’un Letton. L’autre guide a soudain « perdu » quelques participants avant le dernier arrêt. Etaient-ils fatigués à ce point ? Ou carrément fauchés ? Toujours est-il que ce système encourage la participation à des tous guidés tout en fournissant un travail plutôt bien rémunéré aux guides locaux.

Lorsque je vois les conditions climatiques dans ma Suisse qui balancent entre la canicule et les inondations, j’apprécie d’autant plus les 19 à 23° dont me gratifie Riga.

Qu’y voir ? Les beaux parcs, les rues pavées, les façades anciennes, les églises qui hésitent entre gothique et luthérien, le marché réfugié dans d’anciens hangars à Zeppelin.

Allez à ALA Folkklub pour y manger, boire, et surtout écouter de la musique locale. Le soir où je m’y suis perdue, c’était jam session, avec, pour le peu que je puisse juger, des pointures locales, vérifiez le programme et, si vous souhaitez y manger, ou si vous êtes plusieurs, réservez ! Quant à moi, je m’y suis pointée comme ça, la bouche en cœur, et j’ai réussi à quémander une place à une table pas trop loin de la scène et ai passé une excellente soirée à bavarder entre deux morceaux de musique. Celle-ci a des sonorités proches du folklore nordique ou russe, ce qui n’est pas très étonnant. Sinon, l’endroit propose également un beau choix de bières !

Comment se déplacer entre les pays baltes ? L’avion bien sûr est une option, mais les trains, et surtout les lignes de bus fonctionnent à merveille. Entre Tallinn et Riga, puis entre Riga et Vilnius, j’ai voyagé avec Luxexpress à des tarifs défiant toute concurrence, soit 23 euros et 16 euros pour les deux trajets. Vous aurez plus de place que sur un siège d’avion, le wifi gratuit, des films à choix, du café à volonté, la clim et une prise électrique pour recharger votre téléphone. De plus, vous arriverez au centre-ville, à portée de pied de votre hébergement. Le site a une version anglaise et permet de réserver votre billet en ligne.

Mes voisins de table à ALA m’ont également parlé d’Eurolines qui propose le même service à des tarifs comparables.

Ne quittez pas Riga sans avoir goûté un peu de Black Balsam, une boisson à base de vodka et d’ingrédients mystérieux qui tire à 45°. Je me suis laissé conter ses vertus curatives. Jusqu’à preuve du contraire, ça fonctionne !